DiplomatieLa Suisse avertit Ankara après la tentative de rapt
La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères a rappelé à la Turquie que la Suisse ne tolère «sous aucun prétexte» les actes d'espionnage sur son sol.

«Nous ne pouvons pas accepter que quelqu'un s'adonne à l'espionnage chez nous», a déclaré Pascale Baeriswyl. (Vendredi 16 mars 2018)
La secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères a vivement condamné auprès d'Ankara les actes d'espionnage et la tentative de rapt qui se sont déroulés sur sol helvétique. La Suisse ne tolère «sous aucun prétexte» de telles pratiques, a insisté Pascale Baeriswyl.
Souveraineté nationale
La responsable s'est entretenue vendredi matin par téléphone avec un sous-secrétaire du ministère turc des Affaires étrangères. «Nous ne pouvons pas accepter que quelqu'un s'adonne à l'espionnage chez nous, ni à une quelconque autre activité de renseignement», a indiqué Mme Baeriswyl à Ümit Yalçin.
C'est une question de souveraineté nationale, une thématique qui est d'ailleurs «très chère à la Turquie», a-t-elle commenté dans la foulée de l'entretien sur les ondes de la radio SRF. Si Ankara soupçonnait que certains de ses ressortissants se comportaient de façon illégale en Suisse, elle aurait dû en informer les autorités helvétiques, estime la numéro deux du DFAE.
Parmi les outils à disposition de la Suisse figurent les avertissements et, «dans les cas extrêmes», les expulsions. Reste qu'il faut différencier cette affaire de celle qui empoisonne les relations entre Londres et Moscou en lien avec l'ex-espion Sergueï Skripal.
Certes, la Suisse pratique une diplomatie plutôt discrète. Cela ne veut pas pour autant dire «que nous n'avons jamais expulsé personne», rappelle Pascale Baeriswyl.
Ankara réfute
Vendredi, le ministère turc des Affaires étrangères a rejeté l'accusation selon laquelle des employés de son ambassade à Berne auraient planifié l'enlèvement - de la Suisse vers l'étranger - d'un homme d'affaires. Il s'agit d'accusations infondées, a affirmé le porte-parole Hami Aksoy, cité par l'agence Reuters.
Selon des informations confirmées jeudi par le Ministère public de la Confédération (MPC), l'enquête ouverte en mars 2017 pour soupçon de renseignement politique prohibé porte aussi sur des actes répréhensibles commis pour un Etat étranger. En l'occurrence une tentative de rapt d'une personne en Suisse pour l'amener à l'étranger.
Depuis la tentative de putsch avortée en Turquie, la Suisse est déjà intervenue à plusieurs reprises auprès d'Ankara en raison d'activités d'espionnage présumées. Berne a expliqué «lors de différentes prises de contact» avec des représentants d'Ankara que des activités de renseignement à l'encontre de la diaspora turque en Suisse sont inacceptables.
Il y a un an, le MPC a ouvert une procédure pénale visant des citoyens turcs occupant des postes diplomatiques à l'ambassade de Turquie à Berne au moment des faits concernés, soit peu après la tentative de putsch en été 2016. Le DFAE a confirmé cette semaine que ces personnes ne bénéficient pas de l'immunité diplomatique. Elles n'occupent plus ces fonctions et ne séjournent plus en Suisse.