Londres 2012La Suisse doit s'inspirer du succès des Britanniques
Chef de mission des Helvètes, Gian Gilli veut faire bouger nos autorités.
- par
- Christian Maillard

La Grande-Bretagne affiche fièrement ses couleurs lors de ses JO qui consacrent son système d'éducation lié au sport.
Du bleu, du blanc, du rouge, il y en a partout. Le pays est drapé dans l'Union Jack. Presque sept millions de personnes ont assisté, jusqu'à hier, à une épreuve de ces Jeux mémorables de Londres. «We can be heroes, just for one day». C'est une chanson de David Bowie, devenue, depuis la cérémonie d'ouverture, un hymne à la joie.
Le peuple anglais, sous le charme de ces sportifs galvanisés par l'exploit, a sauté, vibré, chanté et salué chaque jour ses héros, avec beaucoup d'émotions. De Wiggins à Ennis, en passant par Rutherford, Farah, et Murray, les athlètes de Sa Majesté, qui ont reçu un soutien extraordinaire de leur gouvernement, se sont succédé sur les podiums: Go(l)d Save The Queen, ce fut un triomphe.
Organisation sans accroc, record de médailles, quelle jolie métamorphose d'une Grande-Bretagne enfin réunie sous la même bannière. C'est ce qu'on appelle, dans l'Albion, l'«home advantage effect». Soixante médailles, dont 27 du plus beau métal sont tombés d'un ciel bien étoilé. Comme s'il pleuvait de l'or. Ces Jeux ont coûté 11,7 milliards d'euros (14 milliards de francs), dont une partie non négligeable allouée à la performance. Et alors?
Gros moyens
Ils semblent avoir ouvert les yeux des plus jeunes, qui nourrissent désormais beaucoup d'espoirs. Dans un pays en crise, le sport est devenu leur échappatoire. Pour les ados, il n'y a pas que le football pour réussir. La fierté d'un peuple, la crédibilité d'un pays, le soutien inconditionnel du gouvernement, la prolifération des écoles privées dévolues au sport: la Suisse, qui songe organiser les Jeux en 2022, peut-elle s'en inspirer?
Chef de la délégation helvétique, Gian Gilli en est convaincu. «Quand tu organises des Jeux, tu planifies un programme spécifique et cela se traduit souvent par succès, on l'a vu à Sydney, à Pékin, à Vancouver et ici Londres a mis beaucoup d'énergie dans ces Jeux et énormément de moyens. Rio en fera de même dans quatre ans. Ces pays utilisent les JO pour dynamiser leur système sportif.»
L'ancien fondeur, qui se bat pour la candidature de Saint-Moritz, est admiratif. «Ici, la société vit avec le sport, le public ne siffle pas, il encourage même les derniers. Cet état d'esprit porte les athlètes en avant, vers le succès. Des Jeux donnent aussi des énergies positives à la société.»
Entraîneurs compétents
Le responsable du sport d'élite à Swiss Olympic est motivé. «Ueli Maurer, Didier Burkhalter et Eveline Widmer-Schlumpf étaient là à Londres. Ils ont vu, dans le monde, la valeur d'un Federer, de Guerdat, de Spirig, de Cancellara, qui font, comme Cologna et d'autres, quelque chose pour le pays. Ils doivent maintenant donner un signal fort au pays. Nous devons trouver des sources financières pour nous professionnaliser, pour aider les Fédérations et nos sportifs. Les Anglais ont donné le bon exemple en trouvant des entraîneurs compétents, en améliorant leurs structures. C'est aussi le cas des Français, on a vu le résultat. Même s'il ne faut pas oublier qu'avec 8 millions d'habitants, notre bassin est petit, après Lillehammer, les Norvégiens sont toujours au top.»
Après le désastre d'Atlanta (une médaille d'or!), la Grande-Bretagne a décidé d'allouer des fonds de la loterie au sport, une décision du premier ministre conservateur de l'époque, John Major. On connaît la suite.