Congé paternité: La Suisse ne fera plus piètre figure en Europe

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Congé paternitéLa Suisse ne fera plus piètre figure en Europe

Depuis 2010, l’Union européenne connaît un congé parental obligatoire, avec de fortes disparités selon les pays. Petit tour d’horizon.

Le congé paternité permettra au père d’être plus présent pour l’enfant, de s’impliquer plus activement dans la nouvelle dynamique familiale, estiment les partisans (archives).

Le congé paternité permettra au père d’être plus présent pour l’enfant, de s’impliquer plus activement dans la nouvelle dynamique familiale, estiment les partisans (archives).

KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER

Un jour de congé: c’est ce que la Suisse accordait jusqu’à présent aux pères à la naissance de leur enfant. Soit autant que pour un déménagement. Le vote de dimanche permettra au pays de ne plus faire piètre figure en Europe.

La Suisse était le seul pays d’Europe à ne connaître ni congé parental, ni congé paternité même si certaines grandes entreprises comme Nestlé, Google ou J&J offrent un congé paternité de plusieurs semaines. Tout comme plusieurs administrations cantonales.

Depuis 2010, l’Union européenne connaît un congé parental obligatoire. Tous les pays membres doivent garantir au moins quatre mois pour chaque parent. Ce congé peut être pris jusqu’aux 8 ans de l’enfant; chaque Etat est libre de le rémunérer ou non. Certains pays connaissent également un congé paternité. Les modèles de ces deux congés varient beaucoup.

Nord en tête

En Suède, pères et mères ont droit à 480 jours (environ 68 semaines) de congé parental avec une prise en charge de 80% du salaire pour les 390 premiers jours. Une indemnité journalière fixe de 60 couronnes (6,30 francs) est versée pour les 90 jours restants. Nonante jours sont réservés au père et autant à la mère; les jours restants sont à partager.

Le but de ce dispositif né dans les années 1970 est de promouvoir l’égalité des sexes. Et, en effet, près de la moitié des pères profitent de ce congé parental bien payé.

Tout comme les Suédois, les pères norvégiens n’ont pas de congé paternité. Mais un minimum de quinze semaines leur est réservé. La mère en obtient autant. Les 21 semaines restantes du congé parental sont à distribuer au sein du couple.

Loin derrière

La France est loin derrière les pays nordiques. Le congé parental, d’un an renouvelable deux fois, n’étant rémunéré qu’à hauteur de 400 euros par mois, seuls 4,4% des pères (chiffres de 2016) prennent les quatre mois de congé qui leur sont réservés.

L’Elysée a décidé cette semaine de prolonger le congé paternité de onze jours consécutifs à 28 jours. Les employés sont indemnisés à 100%, mais au maximum à 89 euros par jour.

L’Autriche propose entre 28 et 31 jours de congé paternité, indemnisés à environ 23 euros par jour. S’y ajoute le congé parental. En Italie, les pères sont obligés de prendre sept jours, indemnisés à 100%. Le congé parental de six mois est, lui, faiblement rémunéré.

En Allemagne, il n’y a pas de congé paternité. En revanche, un père peut partager quatorze mois de congé parental payé avec la mère de l’enfant. Le congé peut s’étendre jusqu’à 36 mois; les mois supplémentaires ne sont pas rémunérés.

Uniformisation en vue

Ce patchwork devrait prendre fin. D’ici août 2022, tous les Etats membres devront introduire un congé paternité de dix jours ouvrables au moins et bien rémunéré. Ce congé est à prendre autour de la naissance de l’enfant.

Cette modification ne change rien pour la France, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Belgique et le Luxembourg (10 à 15 jours de congé) ou encore pour l’Espagne, le Portugal et la Finlande, qui offrent déjà entre quatre et neuf semaines.

Par ailleurs, les parents ne seront autorisés à transférer que deux mois de congé parental du père à la mère, ou vice versa, contre trois actuellement. Ce congé devra être rémunéré «à un niveau adéquat».

Jusqu’en 2019, le droit européen n’imposait aucune rémunération pour ce congé, incitant les pères à le transférer aux mères. Le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Irlande, la Grèce, les Pays-Bas et Chypre ne rémunéraient pas du tout le congé parental.

(ATS/NXP)

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