ParlementLa Suisse veut créer un mémorial pour les victimes du nazisme
Le Conseil des États a accepté une motion qui demandait au Conseil fédéral de créer un lieu de commémoration officiel des victimes du national-socialisme.
- par
- Christine Talos

La Suisse aura-t-elle un monument du même type que le mémorial de l’Holocauste à Berlin?
La Suisse va sans doute réaliser un mémorial dédié aux victimes du nazisme. Le Conseil des États a accepté mardi une motion du sénateur Daniel Jositsch (PS/ZH) qui propose de créer un lieu du souvenir, comme il en existe dans les pays touchés par la Seconde Guerre mondiale, mais aussi en Suède, pays neutre lors du conflit. Le National doit encore se prononcer.
La proposition, cosignée par Charles Juillard (Centre/JU), Lisa Mazzone (Verts/GE) et Carlo Sommaruga (PS/GE), demandait au Conseil fédéral de créer «un lieu de commémoration officiel des victimes du national-socialisme». But: ne pas oublier ce qu’il s’est passé. «Les générations futures doivent également pouvoir prendre conscience de la fragilité de la démocratie et de l’État de droit et à quoi le racisme et la discrimination peuvent conduire».
Suisses victimes du nazisme aussi
«Des millions de personnes ont été victimes du nazisme, dont des Suisses, ce dont on a pendant longtemps pratiquement pas tenu compte, mais que des travaux de recherche ont entre temps documenté», a souligné le motionnaire. Environ un millier de personnes de nationalité suisse ou nées en Suisse étaient détenues dans des camps de concentration. Plus de 450 d’entre elles n’ont pas survécu, a-t-il rappelé. Il évoque aussi les personnes qui ont été renvoyées à la frontière suisse, «sans oublier les Suisses qui se sont courageusement opposés au national-socialisme ou qui ont aidé des personnes persécutées».
Daniel Jositsch rappelle aussi que la Suisse, depuis 2004, est membre de l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA), un organisme international qui rassemble des gouvernements et des experts pour promouvoir le devoir de mémoire. Il souligne aussi qu’en 2019, dans une réponse à une interpellation d’Angelo Barrile (PS/ZH), le Conseil fédéral avait déclaré que les autorités compétentes de l’Administration fédérale étaient ouvertes à la proposition d’un tel mémorial.
Une mémoire à maintenir vivante
«La mémoire des crimes du nazisme et des six millions de Juifs tués, mais aussi de toutes les autres victimes, doit être maintenue vivante», a abondé le ministre Ignazio Cassis. Le souvenir est d’autant plus important que bientôt, il n’y aura plus de témoins oculaires ou de survivants de la Shoah, a souligné le chef des Affaires étrangères.
«Avec le temps qui passe, les connaissances sur le national-socialisme et l’Holocauste s’évaporent aussi visiblement. C’est dangereux, car certains ne veulent rien savoir sur les événements de cette époque. D’autres relativisent ou nient les horreurs du nazisme et les terribles effets du totalitarisme», constate-t-il. «Malheureusement, force est de constater que le racisme, l’antisémitisme, la discrimination à l’égard des minorités ainsi que les discours de haine n’ont pas disparu après 1945 et sont même en augmentation».
Le chef du DFAE s’est dit donc prêt à se charger de la coordination de la première phase conceptuelle de cette initiative. Son département présentera bientôt au Conseil fédéral différentes options pour la réalisation d’un tel lieu de commémoration. Ceci en étroite collaboration avec les autres départements ainsi que les cantons et communes concernés.