CriseLa Tunisie va former un gouvernement de technocrates
Le Premier ministre tunisien, l'islamiste Hamadi Jebali a annoncé mercredi qu'il formera un «gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique» après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd.
Après l'assassinat de l'opposant qui a déclenché une vague de violences en Tunisie, le Premier ministre a annoncé mercredi soir qu'il formera un nouveau gouvernement de technocrates apolitiques.
«J'ai décidé de former un gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique qui aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais», a-t-il déclaré dans une adresse télévisée à la Nation.
Hamadi Jebali n'a pas fixé de calendrier de refonte du gouvernement et compte garder la tête de ce nouveau cabinet qui devra être confirmé par l'Assemblée nationale constituante. Il n'a par ailleurs pas donné les noms des futurs ministres.
Meurtre odieux
Cette décision intervient alors que la coalition de laïcs de gauche et des islamistes d'Ennahda ne parvenaient pas depuis des mois à un compromis sur la distribution des ministères régaliens.
Hamadi Jebali a dit que la décision de former un cabinet de technocrates restreint avait été arrêtée avant le meurtre «odieux qui a choqué notre peuple».
«L'assassinat (de Belaïd) a accéléré ma prise de position pour laquelle j'assume ma responsabilité entière devant Dieu et devant notre peuple», a-t-il déclaré.
Les alliés laïcs des islamistes réclamaient que des portefeuilles régaliens soient confiés à des indépendants ce à quoi la frange dure d'Ennahda se refusait.
Hamadi Jebali est considéré comme un modéré dans son parti et comme étant favorable à ce que la Justice et les Affaires étrangères soient sous le contrôle de personnalités apolitiques.
Les nouvelles élections ne pourront pas avoir lieu avant l'adoption d'une Constitution dont la rédaction est dans l'impasse depuis des mois faute de compromis à la Constituante formée en octobre 2011.
La Tunisie a été secouée depuis l'été par plusieurs vagues de violences politiques et sociales, laissant craindre la déstabilisation du pays deux ans après la révolution qui a fait chuter le régime de Zine El Abidine Ben Ali.