SurveillanceLa vidéo ne fait pas peur aux dealers
Les 29 caméras installées aux Pâquis (GE) ont une influence sur le sentiment d'insécurité. Pour le reste…
- par
- Valérie Duby

«A moyen terme, le dispositif de vidéo-surveillance va s'étendre à Plainpalais et aux Eaux-Vives», Pierre Maudet, chef du Département de la sécurité et de l'économie
La phase pilote est terminée. Après deux ans d'activité, le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet en a tiré ses conclusions: la vidéoprotection est une aide indéniable pour la police, 24 h sur 24 et 7 jours sur 7. Un soutien précieux sur le terrain, qui a permis de renforcer le sentiment de sécurité parmi les habitants des Pâquis, le quartier chaud de Genève aux abords de la gare Cornavin.
Le chef du Département de la sécurité et de l'économie se dit «agréablement surpris par le degré d'acceptation de ces caméras, qui avaient fait polémique il y a deux ans». Les chiffres recueillis montrent toutefois que seuls 16% des affaires élucidées dans le périmètre l'ont été grâce aux caméras. En matière de prévention, la vidéoprotection aux Pâquis n'a pas induit une baisse significative des infractions. Au contraire. Le Pr Francisco Klauser, de l'Université de Neuchâtel, à qui a été confié le mandat d'analyse des deux ans d'existence des caméras des Pâquis (plus de 3000 questionnaires répertoriés) explique même que l'étude a montré une légère recrudescence (+15%). Des chiffres, comme il le fait remarquer, «à manier avec prudence au vu de la taille très restreinte du périmètre étudié». En ce qui concerne le trafic de stupéfiants, l'étude identifie un «léger effet plumeau». En clair, les dealers recrutent sous les yeux des caméras mais effectuent leurs transactions plutôt dans les rues des Pâquis qui ne sont pas équipées de caméras…
Le patron du magasin Western Cowboy Kurt, établi depuis plus de 30 ans aux Pâquis, voit d'un plus mauvais œil les résultats de l'étude. Lui, il vit sur le terrain. «Les dealers sont toujours là, je les vois vendre leurs boulettes», observe-t-il en énumérant le nombre de trafiquants qui se trouvent à ce moment-là juste en face de sa boutique, rue de Neuchâtel.
«L'expérience va se poursuive aux Pâquis», annonce le magistrat Pierre Maudet. Elle sera renforcée par des actions de terrain spécifiques de lutte contre le trafic de stupéfiants dans le quartier. D'autres caméras seront installées (au nombre de onze) sur les ponts, dans ce qu'il convient d'appeler «les axes de fuite». Dans les une à deux années à venir, le dispositif de vidéosurveillance devrait s'étendre à Plainpalais et aux Eaux-Vives. Pierre Maudet espère que, sur le modèle des grandes villes européennes, telles Londres et Munich, les partenariats publics-privés puissent se renforcer dans le domaine.