ValaisL'accident de Christian Varone qui met le feu au Valais
Le commandant de la police et candidat au Conseil d'Etat a heurté un candélabre à Sierre au volant d'une voiture de service en décembre 2010. Est-il intervenu pour faire baisser la facture?
- par
- Jean-Claude Péclet

A quinze jours des élections valaisannes, à la veille de son procès pour avoir ramassé un fragment archéologique sur un site turc, le commandant de la police Christian Varone, candidat radical au Conseil d'Etat, est au centre d'une nouvelle polémique.
Selon un tous-ménages UDC parodiant Le Matin sous le titre « Le Mutin.ch », Christian Varone a eu, pendant qu'il commandait la police un accident de voiture à Sierre, sur lequel il est resté très discret jusqu'ici. « Qui a payé ? Et le test d'éthylométrie ? Qu'en dit Esther Weber-Kalbermatten ? (la conseillère d'Etat dont il dépend, ndlr.) », se demande le journal de campagne. L'histoire qui circule en Valais, telle que plusieurs sources la racontent au Matin, est plus précise. Le 17 décembre 2010, Christian Varone circulait au volant d'une Audi A3 de service en ville de Sierre, près du Château Mercier, quand il a eu une collision. Les dégâts se montaient à 7500 francs selon une version, 7200 francs selon une autre. Dans les deux cas, le montant dépasserait la limite de 5000 francs au-delà de laquelle l'accident doit faire l'objet d'un rapport au supérieur hiérarchique – en l'occurrence la conseillère d'Etat Esther Weber-Kalbermatten.
Toujours selon ces récits, le commandant de la police serait intervenu auprès du responsable du garage de la police, N. B., pour faire descendre la facture au-dessous de la limite des 5000 francs, payant la différence de sa poche. Ceci constituerait un faux dans les titres et un délit poursuivi d'office, précise un avocat au courant de l'affaire.
Mais les choses se sont-elles vraiment passées ainsi ? Contacté par Le Matin, Christian Varone le nie formellement. « Je roulais à très faible vitesse – 10km/heure peut-être – quand j'ai touché un candélabre. J'ai immédiatement proposé aux services industriels de Sierre de payer les dégâts. Quant à la voiture, tout a été fait de manière réglementaire et légale. Le devis établi par les carrosseries était inférieur à 5000 francs. A aucun moment je ne suis intervenu auprès du chef du garage pour faire modifier la facture ni n'ai payé quoi que ce soit de ma poche pour la réparation du véhicule. Je n'ai subi aucun traitement de faveur par rapport à un citoyen ordinaire. De plus, j'ai informé la conseillère d'Etat dans les jours qui ont suivi l'incident. »
Le commandant de la police circulait-il en état d'ébriété, comme le suggère le tous-ménages ? « Absolument pas », répond Christian Varone, ajoutant que l'accident s'est produit à 9 heures du matin, « et non le soir comme la rumeur le prétend ».
Puisque la rumeur court, depuis plusieurs mois semble-t-il, pourquoi ne pas l'avoir désamorcée au début d'une campagne électorale où le candidat radical savait qu'il prendrait des coups, parfois au-dessous de la ceinture ? « Je ne pensais pas avoir à justifier tout ce qui se fait dans le cadre légal », répond-il. Il affirme par ailleurs qu'il poursuivra pour diffamation ceux qui prétendent qu'il est intervenu pour faire baisser la facture de la réparation du véhicule.
Christian Varone ne se souvient pas du montant exact de la réparation de l'Audi de service, ni du nom de la carrosserie qui l'a effectuée, ni de ce qu'il a payé pour le candélabre. Pour lui, la rumeur qui s'est amplifiée en cette période de carnaval et d'élections « fait partie des mêmes manœuvres politiques qui visent à me déstabiliser, qu'il s'agisse du procès en Turquie ou des insinuations odieuses lancées contre moi suite à la diffusion de la bande vidéo sur l'accident de car à Sierre ».
Contactée par Le Matin pour savoir si elle a effectivement été informée par le commandant de la police de la collision près du Château Mercier, la conseillère d'Etat Esther Weber-Kalbermatten n'a pas répondu à nos appels. A ce stade, les versions de Christian Varone et de ses adversaires politiques semblent irréconciliables. Sauf si la différence entre les deux montants – moins de 5000 francs dans un cas, plus de 7000 dans l'autre – s'explique par la somme que le commandant de la police a payée de sa poche pour réparer le candélabre. Le règlement prévoit-il que celle-ci devait être incluse dans la facture totale ? La question relève a priori de la bagatelle, mais dans le climat électoral surchauffé que connaît le Valais actuellement, elle se posera sans doute ces prochains jours.