Bienne - L’agresseur schizophrène est déclaré irresponsable

Publié

BienneL’agresseur schizophrène est déclaré irresponsable

Peine confirmée pour un Albanais qui a attaqué au couteau et sans raison un senior parti faire ses commissions.

Vincent Donzé
par
Vincent Donzé
L’agression s’est déroulée à Bienne, à la Migros de la place de la Croix

L’agression s’est déroulée à Bienne, à la Migros de la place de la Croix

Lematin.ch/Vincent Donzé

L’agresseur de la Migros n’était pas radicalisé, mais schizophrène. Déclaré irresponsable, le ressortissant albanais qui avait tenté d’égorger un senior il y a deux ans à Bienne sera soigné en milieu psychiatrique. En l’absence du prévenu et des plaignants, la Cour suprême du canton de Berne a confirmé en appel le verdict prononcé en première instance par le Tribunal régional Jura bernois-Seeland.

Le prévenu a agi dans une sorte de délire. Selon le «Bieler Tagblatt», le prévenu est non seulement irresponsable, mais dangereux. Rien n’a parlé en faveur de l’agresseur qui a semé la terreur à la Migros du quartier de Madretsch, le 27 novembre 2019, avant de semer la pagaille chez Manor, où un vigile l’a plaqué au sol.

Des démons

Pour la plus haute instance cantonale, le risque de récidive est élevé. Le ressortissant albanais de 55 ans a commis des délits graves: tentative d’homicide volontaire, voies de fait, menaces et tentative de contrainte. Il sera placé dans une clinique psychiatrique.

L’agresseur voyait des démons. Pendant sa détention, il a refusé autant les expertises que les médicaments. S’il devait s’obstiner dans son refus d’admettre sa maladie et de la soigner, il sera interné.

«Le prévenu vit dans un tout autre monde», a estimé la Cour suprême. Au pénitencier de Thoune, il n’a pas reçu de visite. Il ne parle guère, ni à son avocate, ni aux experts. «Cet homme doit commencer par réapprendre à nouer des relations avec autrui», a déclaré le président de la Cour suprême.

Crise temporaire

L’avocate du prévenu voulait faire la démonstration que son client n’était pas chroniquement schizophrène. Elle a défendu l’idée qu’au moment des faits, il était dans un état de crise temporaire, sans souffrir d’un trouble psychique qui ferait de lui un récidiviste.

Seul gain obtenu par l’agresseur en deuxième instance: l’annulation de son expulsion du territoire suisse pour dix ans, une fois sa thérapie achevée. Pour la Cour suprême, sans verdict de culpabilité, il ne saurait être question de renvoi. Les juges ont bon espoir qu’avec une médication adéquate, le prévenu puisse un jour mener «une existence digne d’être vécue».

«J’espère que cet homme comprendra plus tard que ce jugement n’est pas dirigé contre lui, mais pour lui», a commenté le président de la Cour suprême, cité par «Le Journal du Jura». Dès que le jugement sera exécutoire, il s’agira de trouver une place dans une clinique psychiatrique.

Derrière l’oreille, une balafre de 28 centimètres.

Derrière l’oreille, une balafre de 28 centimètres.

Lematin.ch/Vincent Donzé

Lacéré derrière une oreille alors qu’il ressortait de la Migros avec deux litres de lait achetés pour une amie, Markus a été poignardé sans raison. Cet aîné jovial et robuste n’a pas perdu connaissance. «C’était rouge partout», confiait-il alors au matin.ch.

«Je n’ai rien vu venir, lorsque la lame m’a coupé au cou en remontant vers une oreille», témoignait le rescapé logé dans un appartement protégé. Markus a perdu beaucoup de sang. Hospitalisé à l’Hôpital de l’Île à Berne, il en était ressorti avec sur le cou une longue et fine cicatrice, réparée par 45 points de suture.

Indemnité refusée

En situation de léger handicap mental, il demandait une indemnité de 30’000 francs, qui lui a été refusée. Pour la justice, les auteurs incapables de discernement ne peuvent être condamnés à payer des indemnités que s’ils possèdent de l’argent ou des biens, ce qui n’est pas le cas du prévenu albanais.

Le parcours chaotique de l’immigré entré en Suisse avec ses parents en 1991 est passé par la clinique psychiatrique de Bellelay, dans le Jura bernois, alors qu’il ne parlait pas français. À sa sortie, désorienté, il n’avait pas trouvé le chemin du retour et avait passé deux jours à l’arrêt de bus.

Ton opinion