FootballL’année football en cinq points forts avec Jérémy Manière
Les derniers matches de 2020 se jouent ce soir en Suisse, l’occasion de revenir sur une année mouvementée avec l’ancien défenseur vaudois devenu consultant.

- par
- Thibaud Oberli
Si la Covid est venue perturber toutes les habitudes des amateurs de football comme des joueurs, elle n’a pas eu raison du spectacle. Dans une année marquée par les mises en quarantaine et les rencontres à huis clos, le ballon rond a continué de nous régaler et de nous faire vivre des émotions dont il a le secret.
Jérémy Manière, passé par le Lausanne-Sport et Stade-Lausanne Ouchy, a dû prendre en début d’année la lourde décision de mettre un terme à sa carrière, la faute à un genou récalcitrant. Titulaire d’un master en management du sport, il œuvre notamment comme consultant. Il a aussi pu consacrer plus de temps à une activité qu’il apprécie particulièrement: scruter le football helvétique. Voici cinq moments de 2020 qui l’ont marqué:
1. Nsamé l’inarrêtable
«Le titre de Young Boys cet été est assurément un moment marquant, mais je voulais mettre en évidence le record de buts de Jean-Pierre Nsamé. Il a dépassé la précédente marque établie par Seydou Doumbia qui était de 30 réussites. Son parcours en Suisse pour arriver au sommet est très intéressant: il a commencé à Servette en Challenge League, pour ensuite franchir au fur et à mesure les étapes et devenir le meilleur attaquant du pays. Marquer 32 fois dans un championnat européen, peu importe lequel, prouve bien la qualité de cet attaquant. Je lui tire mon chapeau.»
«Le parcours de Jean-Pierre Nsamé, pour devenir le meilleur joueur du pays, est très intéressant»
2. Lausanne-Sport revient en Super League
«Le retour rapide dans l’élite faisait partie du projet d’Ineos. Ils avaient aussi des objectifs concernant la professionnalisation du club, le développement des structures et des infrastructures. Ils ont montré qu’ils étaient dans les temps de passage par rapport à leurs ambitions après la relégation de 2018. Le LS progresse. Que ce club mythique, que j’aime beaucoup, remonte en Super League, ne peut pas me laisser indifférent! C’est aussi le couronnement de leur super saison en Challenge League, où ils avaient marché sur tous leurs adversaires. Fin novembre, ils ont inauguré leur nouveau stade de la Tuilière. Quelle poisse de devoir le faire à huis clos.»
3. Sion sauve sa peau in extremis dans le derby du Rhône
«Un match me vient en tête en repensant à l’année écoulée, c’est le sauvetage du FC Sion à Servette. C’était le dernier match de la saison et Sion se devait de gagner à Genève pour éviter un barrage contre Vaduz. Ce soir-là, Pajtim Kasami avait encore une fois été décisif, avec un but et une passe décisive (ndlr: avant d’offrir une tournée à ses coéquipiers dans une chaîne de fast-food). Il était décrié mais a montré dans les moments importants, il est un joueur d’une catégorie supérieure. À mon avis, ils peuvent aussi remercier Kevin Fickentscher, qui a fait une bonne saison. Finalement, j’ai l’impression que ce club est perpétuellement dans un état de recommencement. Ils ont de grandes ambitions, un budget important, des grands noms recrutés pour finalement accoucher d’une souris. Une petite déception dans ce sens, donc.»
«Malheureusement, on réalise que notre football prend du retard sur la scène européenne»
4. Désillusion sur la scène européenne
«Il ne s’agit pas d’un moment précis, mais je voulais souligner les résultats des clubs suisses sur la scène européenne. Nous n’avons pas assisté à une grande épopée d’un club helvétique sur la scène européenne depuis longtemps, malgré le parcours très honnête du FC Bâle en Europa League (ndlr: quart de finale perdu 4-0 contre le Shaktar Donetsk). Malheureusement, on réalise que notre football prend du retard. Il n’y a pas de comparaison possible avec le «big 5». Si on regarde des championnats de moyenne envergure, comme l’Autriche, la Belgique ou encore les Pays-Bas, c’est même une désillusion pour la Super League. C’est décevant de voir que nous nous éloignons de ce niveau de jeu. Par exemple, il manque un exploit de ce type à Young Boys, qui pourrait lui permettre de s’installer comme un club reconnu, aussi hors de nos frontières. L’exemple de Lucerne est aussi parlant. Presque chaque année, ils se battent pour accéder à une compétition européenne, mais qui ne semblent pas jouer les tours de qualifications à fond. Comme si, en Suisse, tous les clubs aspiraient à une place européenne, sans s’en donner les moyens. À mon sens, cela fait du tort au football suisse.»
«La saison de St-Gall était comme une bouffée d’oxygène pour le football suisse»
5. L’épopée Saint-Galloise
«Enfin, je tenais à évoquer la magnifique saison du FC Saint-Gall l’an dernier. À mon avis, ils ont fait du bien au à la Super League. Rester au coude à coude avec YB presque jusqu’à la fin du championnat est une vraie performance. Dans cette équipe, il y avait une telle débauche d’énergie, une volonté de jouer vers l’avant et une intensité fidèle aux préceptes de Peter Zeidler que j’ai l’impression qu’elle s’est épuisée et n’a pas réussi à terminer ce sprint. Il faut aussi souligner l’éclosion de plusieurs individualités. La fin de championnat a sûrement profité à Young Boys grâce à leur expérience, qui manquait un peu à St-Gall. Mais les performances des St-Gallois m’ont ravi, ils étaient plaisants à voir jouer! C’était comme une bouffée d’oxygène.»