Football: Lausanne condamné à croire à ce en quoi plus personne ne croit

Publié

FootballLausanne condamné à croire à ce en quoi plus personne ne croit

Dimanche 1er mai, le club vaudois abordera sa «finalissima» de Lucerne avec sept points de retard sur la place de barragiste. Il faudra plus qu’une victoire pour rallumer la flamme d’un espoir éteint.

Nicolas Jacquier
par
Nicolas Jacquier
(Zurich)
Zohouri (en partie masqué) vient de dévier dans ses filets une frappe de Lenjani sous le regard désabusé de Castella. Le début de la fin pour le LS…

Zohouri (en partie masqué) vient de dévier dans ses filets une frappe de Lenjani sous le regard désabusé de Castella. Le début de la fin pour le LS…

Andy Mueller/freshfocus

C’est un aspect chiffré que l’on se doit de prendre en considération: même si sa semaine de la vérité n’a pas commencé comme il l’aurait espéré, Lausanne peut toujours s’offrir un très hypothétique bonheur mathématique. Afin d’échapper au sort auquel il s’est lui-même condamné en perdant dimanche contre Grasshopper le match qu’il savait devoir à tout prix remporter, il lui faudrait pour cela gagner ses cinq dernières rencontres, soit largement de quoi fondre sur le FC Lucerne. En théorie, on vous le concède…

D’un autre côté, beaucoup plus réaliste, il ne faut pas se mentir: on sait déjà que cela ne se produira pas; en conséquence de quoi le club vaudois pourra très bientôt préparer la saison prochaine. Une saison 2022-2023 où, si les présidents des 20 clubs de SFL actaient le 20 mai l’augmentation de l’élite helvétique à 12 équipes comme on leur en prête l’intention, les trois premières places de Challenge League pourraient se transformer en autant de tickets gagnants dans une année. S’il y a un moment où il fait peut-être «bon» être relégué, à considérer qu’il y en ait un, c’est ce printemps!

Une pression inconnue

Cela ne consolera certainement pas le LS de sa désillusion zurichoise mais s’en vient opportunément rappeler que rien n’est peut-être durablement perdu. Au lendemain de la démonstration du futur champion aux dépens du FC Sion, Lausanne n’a jamais trouvé les solutions pour se débarrasser d’un GC pourtant bon à prendre.

Après l’embellie constatée lors de ses trois dernières journées, c’est un brutal retour sur terre qui fait mal. Ajoutées à une attitude étonnamment défaitiste – le LS n’a jamais paru en capacité de se révolter dès que celui-ci a encaissé le penalty de l’égalisation –, trop d’approximations et trop de déceptions individuelles ont fini par couler ses intentions de départ. L’équipe apparaît-elle en progrès uniquement lorsque, perdu pour perdu, elle se met à jouer l’esprit libéré? Au Letzigrund, on a vu ses joueurs ressentir le poids d’une pression inconnue, encore amplifiée par le fait que la victoire était obligatoire. 

Saison de désolation

Au bord de la Limmat, le dimanche de la lanterne rouge avait pourtant commencé comme dans un rêve (ouverture du score de Kukuruzovic après quelques secondes, combinée à celle de Stocker contre Lucerne) pour se terminer en Challenge League 85 minutes plus tard. Sur fond de fronde de ses ultras, dont la ténacité ne manque pas d’impressionner pour ce qui est de leurs revendications, la saison de désolation du LS ne peut pas s’achever sans doute autrement.

Il faudra rapidement en tirer les leçons et surtout faire un ménage devenu indispensable. Tant personne ne peut imaginer Lausanne repartir dans des conditions aussi biaisées. Un Lausanne qui, relégué, perdrait sans doute aussi un talent comme Zeki Amdouni alors que se posera l’inévitable question du choix du nouveau coach.

Au moment où la France a offert un nouveau bail au locataire de l’Élysée, le football helvétique a massivement voté ce week-end en faveur du FC Zurich, dont l’avènement se nourrit aussi de la faiblesse de l’opposition. Dimanche prochain, la Suisse aura droit à Saint-Jacques à sa «finalissima» déguisée, plus pour le fun et l’honneur que pour le suspense. Au même moment, Lausanne disputera la sienne à la Swissporarena pour y rallumer la flamme d’un espoir éteint. 

A la Tuilière, Alain Casanova peut toujours se persuader que rien n’est définitivement perdu. En continuant d’exprimer l’hypothèse d’un sauvetage auquel plus personne ne croit.

Ton opinion