EditorialLe 14 juillet, Macron, Berset et les infirmières
La fête nationale française sera marquée par la reconnaissance sonnante et trébuchante envers le personnel soignant de la République. En Suisse, les infirmières peuvent toujours attendre le 1er août... Ou la saint-glinglin.
- par
- lematin.ch

En septembre 2018, Alain Berset, alors pésident de la Confédération, était reçu à l'Elysée par le président Emmanuel Macron. Deux pays voisins, mais deux cultures politiques très différentes.
Ce 14 juillet, l'hébergement d'une cinquantaine de malades français dans les hôpitaux helvétiques durant le pic de l'épidémie vaut une invitation à la Suisse d'assister aux festivités françaises. C'est le conseiller fédéral en charge de la Santé, Alain Berset, qui enfile son costume d'ambassadeur.
Le «Ségur de la santé»
Mais les avions, ce sera pour plus tard. Les suites de la pandémie marqueront cette cérémonie. Lundi, Emmanuel Macron a annoncé une revalorisation des métiers de la santé, comme il l'avait promis. Le 16 juin dernier, les soignants étaient massivement descendu dans les rues de France pour réclamer leur dû... Le Gouvernement a attendu le 13 juillet pour annoncer le contenu du «Ségur de la santé» à hauteur de 8,1 milliards d'euros.
Le fait du Prince
Ce n'est pas rien, les acteurs de la santé sont augmentés entre 200 et 300 francs suisses par mois selon les fonctions. En France, c'est le fait du Prince que de prendre une telle décision. En Suisse, ni le ministre de la Santé ni même le Conseil fédéral ne peuvent décider d'une telle mesure à l'échelle du pays. Tout doit se négocier dans les cantons, dans les hôpitaux, avec les syndicats et finalement avec les assureurs, qui par principe freineront toute revalorisation des métiers de la santé.
Un mois de parking gratuit
On a la mémoire courte. Le coup de feu passé, beaucoup semblent penser que le personnel soignant en Suisse n'a fait que son travail pour lequel il est déjà bien payé. Pour l'anecdote, dans un hôpital romand, la direction a étudié des pistes pour remercier le personnel. Une proposition a été faite d'offrir à chacun ou chacune un mois de parking gratuit, soit l'équivalent de 40 francs!
Davantage que des paroles
Bizarrement, ce que la France peut se permettre, la Suisse ne le peut pas, car ce serait trop cher. Il n'en reste pas moins que le personnel de santé en Suisse attend aussi un geste pour sa mobilisation. Et davantage que les bonnes paroles qui seront prononcées le 1er août prochain. Sinon, l'ingratitude ne restera pas lettre morte, quand il s'agira d'affronter une nouvelle crise sanitaire. Ou simplement de passer quelques jours à l'hôpital...