Label: Le Bio a aussi son Röstigraben

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LabelLe Bio a aussi son Röstigraben

La consommation et la production de produits biologiques sont plus élevées en Suisse alémanique. Une disparité que Bio Suisse entend gommer.

Melina Schröter
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Melina Schröter
L'an dernier, 12,8% des producteurs suisses étaient bio.

L'an dernier, 12,8% des producteurs suisses étaient bio.

GAETAN BALLY / KEYSTONE

«Les Latins ont les AOP et les Alémaniques le bio.» Stephan Jaun, responsable de la communication chez Bio Suisse, résume en une phrase le fossé qui sépare la Suisse en ce qui concerne l'agriculture biologique. Un retard observé aussi bien au niveau de la consommation que des exploitations. «C'est peut-être culturel, la sensibilité des Alémaniques pour l'environnement est peut-être plus forte, alors que les Latins ont plutôt la tradition des grands repas partagés. Les premières AOP sont nées en Suisse romande, mais il y en a maintenant aussi outre-Sarine.»

Un rapprochement que Bio Suisse aimerait bien opérer pour son célèbre bourgeon vert aussi. Si, en moyenne suisse, 12,8% des producteurs étaient bio en 2015, tous les cantons romands sont au-dessous de la moyenne, excepté le Valais qui égale le chiffre national. Parmi les mesures prises pour remédier à cette disparité, une antenne romande a été créée à Lausanne et, pour la première fois hier, c'est la Suisse romande qui a accueilli le concours du meilleur produit bio suisse de l'année. Avec deux chefs romands sur les trois membres du jury: Edgard Bovier, chef du Lausanne Palace, et Pierrot Ayer, qui recevait les délibérations dans son restaurant du Pérolles, à Fribourg.

Signe du progrès du label de ce côté-ci de la Sarine, le nombre de produits romands participant à la sélection, 70 en tout, a augmenté. La proportion de domaines agricoles en reconversion vers l'agriculture biologique également. «Et plus fortement en Romandie par rapport à la moyenne helvétique, avec 57 nouveaux producteurs», se réjouit Stephan Jaun. Un accroissement de l'offre que saluent les grands chefs, même si le seul argument du bio ne leur suffit pas. «Ce qui est important aujourd'hui, c'est la traçabilité, explique Edgard Bovier. De bons produits fournis par des artisans que l'on connaît et qui font de la qualité. Un jour, j'ai vu chez un distributeur des haricots bio de Chine, ça n'a aucun sens! Mais à qualité égale, je choisis le bio.»

Une position partagée par Pierrot Ayer: «Est-ce que je travaille des produits bio? Oui, et indirectement depuis longtemps, avant même qu'on en parle. Mes parents avaient un potager qu'ils travaillaient naturellement, c'était déjà du bio. L'important est de défendre les produits de qualité de petits producteurs qui travaillent avec amour et respect.» Quant au Röstigraben, il pourrait bien être comblé, les premières projections de Bio Suisse montrent que la tendance à la hausse en Suisse romande se poursuit.

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