Finances: Le budget vaudois reste dans les chiffres noirs

Actualisé

FinancesLe budget vaudois reste dans les chiffres noirs

Le projet de budget 2016 de l'Etat de Vaud présente un excédent de revenus de 1,4 million de francs.

Pascal Broulis.

Pascal Broulis.

Archives/photo d'illustration, Keystone

Le budget 2016 de l'Etat de Vaud reste équilibré avec un excédent de revenus de 1,4 million de francs. La hausse des recettes fiscales se tasse, signe d'une détérioration de la conjoncture. Ces prochaines années, le Conseil d'Etat contiendra les charges dans une croissance annuelle de l'ordre de 2%.

«Le canton de Vaud va plutôt bien. Il faut juste être conscient qu'il n'est pas seul au monde et que l'environnement exogène est fortement perturbé», a déclaré le conseiller d'Etat Pascal Broulis qui présentait mercredi à Lausanne son 10e budget équilibré consécutif.

Entreprises, on vous aime

Tout au long de la conférence de presse, le grand argentier a beaucoup insisté sur le rôle crucial de la réforme de la fiscalité des entreprises (RIE III) adoptée mardi par le Parlement vaudois: «Elle est pour nous un enjeu majeur. Elle nous permet de donner de l'énergie au tissu économique de ce canton».

«Oui, on a avancé vite, pour donner un signal clair aux entreprises pour leur dire qu'on les aime». Les garder permet de rallonger les rentrées fiscales, de garder et créer des emplois, a-t-il indiqué.

Quant au budget 2016, le résultat projeté (1,4 million) est inférieur à celui de 2015 (26,2 millions), mais il est équilibré. «C'est bon pour le moral, au moment où beaucoup de cantons sont dans une situation difficile», a relevé le grand argentier.

Pas d'austérité

Le total des charges s'inscrit à 9,159 milliards de francs. Les dépenses courantes de fonctionnement ont augmenté de 2,47% (221 millions), contre 2,8% au budget 2015. «On fait mieux que le PIB, ce n'est pas rien», a analysé Pascal Broulis.

Les charges supplémentaires sont liées à l'évolution démographique et au vieillissement de la population. Elles concernent le social ( 111 millions bruts) et la santé ( 28 millions), «des secteurs plus fragiles que d'autres», selon Pascal Broulis. Des hausses sont aussi prévues pour l'accueil de jour ( 39 millions), la sécurité ( 11 millions), le soutien à l'économie ( 21 millions), la formation et la culture ( 63 millions).

Au total, l'Etat crée 163 postes (275 en 2015), dont 113 nouveaux enseignants. «Je ne vois pas d'austérité dans ce budget», a lancé le chef du Département des finances.

Avec 17 millions engagés de manière anticipée dans le domaine de l'accueil de jour des enfants et des allocations familiales, la réforme RIE III n'a que peu d'impact sur le budget 2016, a-t-il précisé.

Revenus fragilisés

Du côté des revenus, la prévision budgétaire table sur un total de 9,161 milliards. Après retraitement technique, leur augmentation réelle ne dépasse pas 131 millions, soit 1,45% contre 3,6% au budget 2015.

La faible croissance des recettes fiscales à 0,9% contre 5% l'an dernier marque le revirement conjoncturel attendu dans un contexte économique fragilisé. L'Etat prévoit une baisse de l'impôt sur le bénéfice de -3,2% par rapport à 2015.

«Aujourd'hui, on sent un ralentissement. C'est pourquoi la RIE III devient ultra urgente», a appuyé Pascal Broulis. Actuellement, les membres du Conseil d'Etat vont tour à tour visiter les entreprises pour les rassurer, leur expliquer la situation.

Quant à l'impôt à la source, il a diminué de 3,7%, signe de l'impact de la votation du 9 février sur les emplois. L'impôt sur la fortune reste élevé, mais le risque de volatilité est très fort.

Pas trop gourmand

Les investissements nets sont fixés à hauteur de 438 millions. Mais si l'on tient compte des nouveaux prêts et garanties octroyés, l'effort global du canton devrait atteindre 887 millions, a souligné le grand argentier.

Au vu des incertitudes liées au franc fort, aux suites du vote du 9 février 2014, à l'impact financier de futures votations ou à l'asile, le Conseil d'Etat veillera à éviter les effets ciseaux. Ces prochaines années, il mettra tout en oeuvre pour contenir la croissance des charges autour de 2% par an.

«Il ne faut pas céder au péché de gourmandise. Si tout va mal, 1 à 2% d'augmentation, ça passe, a expliqué M. Broulis. Et on a quelques soupapes de sécurité, telles que freiner sur les investissements de 2018-2019».

Budget fragile

Si les Verts et les socialistes saluent à quelques nuances près un budget équilibré, l'UDC l'estime «fragile». Après seulement trois ans de gestion rose-verte, les charges explosent, déplore mercredi le parti.

(ats)

Ton opinion