SantéLe burnout touche aussi les enfants
Les victimes d'épuisement sont toujours plus jeunes. Après les travailleurs, les parents et les ménagères, le burnout fait des ravages jusque sur les bancs de l'école primaire.
- par
- Anne-Florence Pasquier

Mattéo, 13 ans. La veille du 8 février 2013, ce jeune Français criait sa rage et son mal-être dans une vidéo de rap avant de se donner la mort. Marion, 13 ans, épuisée par le harcèlement de ses camarades d'école a eu le même geste désespéré.
Des cas d'une violence extrême qui ont choqué la France et surtout révélé que les adolescents aussi peuvent souffrir de dépression. La Suisse ne fait pas exception à ce phénomène qui touche même les enfants dès l'âge de 10 ans. Une étude de l'Office fédéral de la santé publique estime à 4,4% la part d'enfants et d'adolescents en proie à des troubles psychologiques. Pour les 11-15 ans, 32% des filles et 21% des garçons présentent un mauvais état psychologique.
Dès 7 ans déjà
Le Pr Stéphan Eliez, pédopsychiatre et directeur de l'Office médico-pédagogique du canton de Genève entourant les enfants qui font face à ce genre de troubles durant leur scolarité, connaît cette situation et ne s'en étonne pas. Il explique: «Le burnout chez l'enfant survient lors d'un épuisement, un effondrement dépressif. Il vit une surcharge excessive qui n'est pas proportionnelle à sa capacité d'y répondre.» Un état qui survient avec un cumul de stress chronique et cela même dès l'âge de 7 à 8 ans. «A ce moment-là, l'enfant doit faire face à une multiplicité des attentes», ajoute-t-il.
Selon lui, le risque est plus important aujourd'hui car «l'enfant n'a plus le même accès à son environnement familial. Notamment quand les deux parents travaillent, cette situation favorise l'isolement de l'enfant.» Et de préciser: «Les raisons d'un burnout sont multiples; des exigences scolaires élevées à des situations de tensions relationnelles.»
Ce n'est que dans un deuxième temps que survient un état de tristesse. Les difficultés de concentration, un changement de comportement ou le décrochage scolaire pour un élève brillant sont généralement les premières étapes d'un burnout.
La faute aux parents
La psychologue Marie Bérubé, auteur du livre «Etre parent, poser les bons gestes» préfère parler de stress chronique plutôt que de burnout. «Certains enfants sont trop stimulés par leurs parents. Ils veulent bien faire entre l'école, les activités parascolaires, l'apprentissage simultané de plusieurs langues, le rythme de vie trépidant d'aujourd'hui.»
Selon elle, les parents y sont pour quelque chose car «trop de parents mettent énormément de pression pour obtenir de leurs enfants des performances à l'école ou ailleurs. Ils mesurent leur efficacité parentale par les résultats scolaires et le niveau académique de leurs enfants.»
Le rôle des parents, Anne Jeger, psychologue de la famille le relève aussi: «Les enfants subissent le stress ambiant de leurs parents qui vivent à un rythme effréné, imposé par la société aussi», remarque-t-elle. Son conseil: la lenteur. Un rythme auquel toute la famille devrait s'habituer.