Orbe (VD): Le cadavre était enfoui sous la maison

Actualisé

Orbe (VD)Le cadavre était enfoui sous la maison

Un quinquagénaire d'Orbe (VD) est fortement soupçonné d'avoir éliminé son épouse. Puis d'avoir dissimulé son corps sous les escaliers d'entrée de leur domicile.

Evelyne Emeri
par
Evelyne Emeri
La maison de D. est dans un état de délabrement avancé. Le cadavre était dans un sous-sol (derrière la planche) expressément fabriqué.

La maison de D. est dans un état de délabrement avancé. Le cadavre était dans un sous-sol (derrière la planche) expressément fabriqué.

Yvain Genevay

«Chaque fois que je sortais mes chiens, ils allaient systématiquement lécher le sol. Je lui ai même demandé en riant s'il y avait un cadavre là-dessous», raconte une voisine. Lui, c'est l'homme qui vit de longue date dans une dépendance de l'ex-fastueux manoir de Montchoisi, à Orbe. D. y réside avec son épouse et son fils, actuellement en vacances. «Elle, on ne la voyait jamais, elle était fragile. Bipolaire», confie celui qui s'occupe d'un pigeonnier sur cette immense parcelle, tout juste vendue. Très difficile pour eux de se souvenir précisément de la dernière fois où ils ont aperçu madame. Entre mi-juillet et il y a trois semaines.

Leur fille aurait alerté la police

Inquiète, leur fille, qui habite désormais en France voisine avec sa famille, est venue samedi il y a dix jours, mais également en fin de semaine passée avec ses trois enfants. «Elle ne venait pas souvent, son compagnon n'était pas apprécié. Sa fille n'arrivait plus à joindre sa mère sur son téléphone, c'est son père qui répondait. Elle a dû s'inquiéter. C'est sûrement elle qui a donné l'alerte samedi soir», note encore le responsable des pigeons. A partir de là, la propriété est envahie par les forces de l'ordre, minutieusement et longuement fouillée. Marteau-piqueur et pelleteuse seront nécessaires pour déterrer le cadavre.

D. a travaillé comme cuisinier à Vallorbe et à l'EPSIC, à Lausanne. Depuis plusieurs années, il vivait de petits boulots, aidé par les services sociaux qui ont fini par lui couper les vivres. «Il ne payait plus le loyer. En compensation, il allait faire nos courses, s'occupait du gazon et des extérieurs», confie encore cette habitante du domaine. «Nous le tolérions. Il fait gros nounours. C'est pas un mauvais gars. A-t-il trop encaissé avec sa femme? Cet été, elle est partie en Corse, elle est revenue deux jours, puis…» Près des immeubles, qui plongent sur la maison de l'horreur, le concierge parle d'un individu toujours seul, au volant d'une vieille Opel Corsa grise, de corpulence très forte et portant inlassablement le pull des sapeurs-pompiers où il était volontaire. Il le croisait au Big Ben Pub, à Orbe.

Tendu et grossier ces temps-ci

Willi et Hervé aussi l'y côtoyaient. Pour le café à 8 h 30, pour sa minipanachée à 11 h. «Depuis fin juillet, il venait tous les jours, il picolait de plus en plus. Ces derniers temps, il était très tendu, très nerveux. Il parlait sèchement. Il était vulgaire. Il parlait tout le temps des femmes et répétait que la sienne l'avait quitté pour un riche Corse. Ce matin, on ne l'a pas vu.»

Les paroles de l'auteur présumé de ce crime ont une tout autre résonance aujourd'hui pour ces deux copains de bistrot: «Tout l'été, il a creusé des trous. Il nous racontait qu'il arrivait à s'y glisser. Il prétendait avoir des problèmes de canalisations. Il arrivait tout transpirant. Il se plaignait que c'était trop dur parce qu'il ne pleuvait pas.» La patronne de l'établissement, elle, avait dû le remettre à l'ordre il y a trois semaines, eu égard à ses clientes: «Il était grossier. Il avait l'obsession de retrouver quelqu'un. Il essayait de brancher n'importe qui. Il n'était pas comme d'habitude.»

Selon certaines indiscrétions, l'individu de 50 ans a prémédité son geste. Ses actes préparatoires vont dans ce sens. Il a d'abord construit un couvert en bois devant chez lui sur la zone de terre à évider. Il s'est ensuite attaqué au vide sanitaire, situé sous les escaliers de l'entrée de leur domicile. Avant d'y placer le cadavre de son épouse, l'y emmurer et de combler le trou avec de la terre empruntée aux voisins.

Le ministère public, par le biais de la police vaudoise, confirme la macabre découverte sans autres détails. Ni l'identité des personnes impliquées. Et encore moins l'éventuelle arrestation du locataire.

Ton opinion