Euro 2012Le casse-tête de Van Marwijk
Groupe B: avant leur duel décisif contre l'Allemagne (20?h?45), les Pays-Bas croulent sous les choix cornéliens.
- par
- Mathieu Aeschmann

Le coach des Pays-Bas, Bert van Marwijk (en noir), va devoir trouver des solutions pour que son équipe gagne contre l'Allemagne.
Leurs retrouvailles transpirent inlassablement ce parfum de soufre qui embaume les querelles de voisinage. Nourri d'un passé commun et de cette cohabitation pimentée d'altérité, un Allemagne?-?Pays-Bas s'avance toujours comme une affaire qui dépasse le football. Pourtant ce soir au Metalist Stadium de Kharkiv, Bert Van Marwijk va devoir avant tout trouver des réponses sportives aux dysfonctionnements affichés par son équipe contre le Danemark. Un casse-tête en trois points qu'il s'agira de résoudre sous peine de quitter la compétition précipitamment.
1. Van Persie ou Huntelaar?
C'est l'interrogation la plus médiatique mais pas forcément la plus importante. Les Pays-Bas possèdent deux attaquants sacrés «meilleur buteur» dans un des cinq grands championnats européens (Angleterre, Allemagne). Soit un de moins que la France lors de la Coupe du monde 2002. Peuvent-ils jouer ensemble? A priori jamais d'entrée puisque Van Marwijk ne souhaite pas renoncer à ses deux ailiers. Alors que faire? Sacrifier RvP sur l'autel de ses trois occasions franches «dévorées» lors du premier match? De nombreuses voix dans l'entourage ukrainien des Orange réclament ce changement sous prétexte que «l'Allemand» Huntelaar fait peur à la Mannschaft. Une idée contredite par les chiffres. En quatre matches cette saison face à Hummels, Badstuber ou Boateng, Klass-Jan Huntelaar n'a jamais marqué. Lundi, les deux hommes ont refusé de parler à la presse. Tendance: Robin Van Persie débute.
2. Mathijsen à la rescousse?
Forfait contre le Danemark à cause d'une élongation à une cuisse, le défenseur central de Málaga a beaucoup manqué à l'arrière-garde batave samedi dernier. Pataud et visiblement pétrifié par l'enjeu, son remplaçant, Ron Vlaar (Feyenoord), n'a pris aucune responsabilité à la relance. Quant à Jon Heitinga – le stoppeur d'Everton –, il s'est troué sur le but danois et s'est systématiquement reposé sur ses milieux défensifs (de Jong, Van Bommel) pour orienter le jeu. Sans être un footballeur exceptionnel, Joris Mathijsen possède des qualités de relanceur qui devraient permettre à l'entrejeu batave de jouer davantage entre les lignes. De retour à l'entraînement depuis dimanche, il aurait également le mérite de former avec le rapide et rugueux Heitinga une charnière plus complémentaire. Tendance: Mathijsen titulaire.
3. Sacrifier un récupérateur?
Le constat vient de Johan Cruyff alors forcément il mérite une oreille attentive. «L'équipe est divisée en deux blocs et doit vite résoudre ce problème. Wesley Sneijder se voit obligé de jouer vingt-cinq mètres derrière les attaquants, c'est une charge ingrate et pesante.» Dans l'œil du viseur de l'ancien Ballon d'or, un bloc séparé entre les six éléments défensifs et les trois finisseurs. Wesley Sneijder se retrouvant contraint à l'exploit au milieu de cette zone où Zimling fut si bon samedi. «De Jong et Van Bommel portent trop le ballon, reprenait l'ancien No 14 dans So Foot. Alors que la possession et la construction des attaques devraient revenir à d'autres joueurs.» Une des solutions pourrait s'appeler Rafael Van der Vaart (ou Stjin Schaars), placé en relayeur au détriment de Nigel de Jong afin de fluidifier la construction du jeu. Tendance: statu quo. Car Van Marwijk voudra certainement envoyer de Jong au marquage d'Özil.
Déséquilibrée par son abondance offensive autant que par ses carences défensives, la sélection batave croule sous le poids des interrogations. «L'ambiance est différente que lors de la Coupe du monde 2010», a avoué hier Wesley Sneijder au Algemeen Dagblad. Seule une victoire ce soir peut inverser la tendance et soulager les tensions. Elle passera par des choix forts. Ou peut-être par ce supplément d'âme que convoque toujours un Pays-Bas - Allemagne.