Suisse: Le chat sauvage pourrait disparaître d’ici 200 ans

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SuisseLe chat sauvage pourrait disparaître d’ici 200 ans

Une étude à laquelle ont participé les universités de Genève et de Zurich montre que l’animal va perdre son patrimoine génétique à force de s’accoupler avec des chats domestiques.

L’hybridation conduira à un remplacement génétique irréversible des chats sauvages, relèvent les chercheurs.

L’hybridation conduira à un remplacement génétique irréversible des chats sauvages, relèvent les chercheurs.

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L’avenir du chat sauvage dans les montagnes du Jura suisse paraît compté. Une étude à laquelle ont participé les universités de Genève et de Zurich montre qu’à force de s’accoupler avec son cousin domestique, le félin va perdre son patrimoine génétique d’ici 200 à 300 ans.

L’hybridation conduira à un remplacement génétique irréversible des chats sauvages et à l’impossibilité de les distinguer des chats domestiques. Un tel phénomène s’est déjà produit en Ecosse et en Hongrie, fait savoir mardi l’Université de Genève (UNIGE) dans un communiqué.

Les chats sauvages et les chats domestiques sont considérés comme deux espèces différentes. Malgré cette distinction, ils peuvent se croiser et avoir des chatons fertiles. Cette hybridation se fait toutefois au détriment de l’espèce la plus rare, dont le génome est peu à peu colonisé par les gènes de l’espèce la plus abondante.

Dans le cas présent, les croisements vont conduire irrémédiablement à l’extinction du chat sauvage. D’autant plus que les rencontres entre les deux espèces ont été favorisées par l’expansion non seulement démographique, mais aussi territoriale des chats sauvages au cours des 50 dernières années en Suisse.

Projections implacables

Selon l’UNIGE, il a été estimé «qu’environ 5 à 10% des contacts entre chats sauvages et domestiques ont donné naissance à des chatons hybrides». Sur cette base, et en tenant compte de la compétition pour les ressources entre les deux espèces et de la taille de leur population, les biologistes ont fait des projections.

Quel que soit le scénario proposé, le génome du chat domestique prendra le dessus sur celui du chat sauvage. Cette tendance restera très importante même à imaginer des conditions plus favorables au chat sauvage, comme l’augmentation de sa population ou un avantage compétitif sur le chat domestique dans les régions où ils coexistent.

«Un événement d’hybridation a beaucoup plus d’impact dans la population de chats sauvages constituée de quelques centaines d’individus que dans la population domestique qui dépasse le million d’individus en Suisse», relève Mathias Currat, l’auteur de l’étude qui enseigne au département de génétique et d’évolution de l’UNIGE.

Pour freiner ce phénomène, les chercheurs proposent la mise sur pied des campagnes de stérilisation des chats domestiques qui vivent près des fermes ou aux abords des forêts. Les femelles domestiques doivent en être la cible principale, car elles s’accouplent plus facilement avec les chats sauvages que les chats domestiques mâles.

L’étude sur la menace que font peser les chats domestiques sur les chats sauvages en Suisse a fait l’objet d’un article dans la revue «Evolutionary applications».

(ATS/NXP)

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