Football: Le chemin choisi est le bon

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Se faire remonter de trois buts est difficilement acceptable, et Vladimir Petkovic a sans doute commis une erreur de coaching à la pause, mais la Suisse ne doit de loin pas tout jeter à cause de ces dix dernières minutes.

Tim Guillemin
Bâle
par
Tim Guillemin
,
Bâle

En troisième ligue, une ligue qu'on adore, les joueurs auraient été alignés contre le mur des vestiaires et engueulés par leur coach avant même d'aller à la douche. «Des incapables!», aurait tonné «Tonton» ou «Leuleu», voire «Totoche», l'entraîneur de cette équipe de bracaillons qui menaient 3-0 à la 83e et ont fini le match à 3-3 en n'ayant pas assez bien dégagé les ballons dans le champ de maïs dans les arrêts de jeu. Cette réaction serait tout à fait normale en troisième ligue et complètement appropriée. Non, ce n'est pas acceptable de perdre une avance de trois buts. Allez hop, dix tours de terrain sous la flotte et sous les moqueries des spectateurs, bien à l'abri à la buvette.

Mais les joueurs de l'équipe de Suisse ne sont pas des joueurs de troisième ligue. Et il serait faux de réagir de la même manière, voire même contre-productif. Ce n'est pas être déconnecté de la réalité ou de la base que dire que le monde professionnel répond à des codes différents et à des dynamiques bien distinctes. Oui, la Suisse a bien mal défendu dans les dix dernières minutes, mais il ne faut surtout pas tout jeter et oublier les 80 brillantes premières minutes de Granit Xhaka et de ses coéquipiers, qui ont passé trois buts à un Danemark dépassé par la vitesse et la qualité de la jouerie de l'équipe de Vladimir Petkovic. Même si la Suisse a fait preuve d'efficacité en marquant sur ses trois seuls tirs cadrés, elle a montré une maîtrise impressionnante sous la direction d'un Granit Xhaka étincelant.

La sortie de son capitaine à la 78e a fait très mal à l'équipe de Suisse, mais il serait stupide d'en vouloir à Vladimir Petkovic sur ce coup. Sortir un joueur souffrant des adducteurs et demandant le changement à 3-0 à la 78e est un acte de bon sens, rien de plus. Ce changement n'était pas une erreur, même s'il est permis de penser qu'avec son meilleur homme sur le terrain jusqu'au bout, la Suisse aurait mieux géré le final.

A ce titre, le manque d'expérience de l'équipe de Suisse dans les dix dernières minutes était flagrant. Kevin Mbabu, Djibril Sow, Loris Benito et Nico Elvedi comptent 21 sélections à eux quatre et cela explique sans doute en partie le manque de sérénité dans l'arrière-garde suisse en toute fin de match. Et là, on se permettra de faire un reproche à Vladimir Petkovic, au vu de la performance médiocre de Loris Benito, entré à la pause en remplacement de Ricardo Rodriguez: pourquoi ne pas avoir lancé Timm Klose, si solide contre la Belgique? Le «Mister» a sans doute commis une erreur en faisant confiance à Loris Benito, dont l'expérience à très haut niveau se limite à sa très récente campagne de Champions League avec YB. La Suisse était jeune en fin de match. Très jeune. Trop jeune.

Tout ceci est logique au fond et procède du processus d'amélioration continue entrepris depuis longtemps. L'après Coupe du monde est l'occasion de lancer la nouvelle génération, par petites touches, et il est sans doute juste de dire qu'avec Stephan Lichtsteiner et Valon Behrami sur le terrain dans les dix dernières minutes, la Suisse n'aurait probablement pas été rejointe. Mais il faut alors souligner aussi que sans eux, elle menait 3-0 en étant souveraine après 83 minutes... Cette équipe de Suisse est séduisante, offensive, impressionnante de maîtrise, mais elle a encore des lacunes.

Qu'elle s'en tienne à ses principes de jeu et qu'elle ne balance pas tout pour dix minutes négatives: le chemin choisi est le bon.

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