Motard décédé«Le circuit est dans les normes»
Le moniteur d'auto-moto école est catégorique: la piste de La Sonnaz (FR), où un élève s'est tué, est en règle. Un filet devrait être posé pour calmer les esprits.
- par
- Evelyne Emeri

QUARTIER DE CHAMP-DES-PIERRES - La villa en bout de piste, où a eu lieu le drame, date de 2010. Le circuit existe, lui, depuis dix-neuf ans. On n'y déplorait aucun accident jusqu'à samedi.
«Je l'ai déjà noté à l'ordre du jour de notre séance du Conseil communal de la rentrée, le 16 août prochain. L'aspect sécuritaire de l'endroit doit être discuté», lâche d'entrée de jeu le syndic de la petite commune de La Sonnaz (FR), Christian Clément, sans nullement pointer du doigt les trois propriétaires du circuit. «Nous avons aussi fixé une table ronde le 23 août avec notre chef des routes, les responsables de la piste et le propriétaire du champ pour des adaptations éventuelles, afin que l'invraisemblable ne se reproduise pas. Nous attendons aussi les conclusions de la police.»
Autant de marge qu'à l'OCN
Samedi vers 8 h 20, un élève motard a perdu la vie dans des circonstances particulièrement tragiques alors qu'il suivait son dernier cours pour accéder au permis grosse cylindrée. Ce maçon de Belfaux effectuait des exercices de freinage au guidon de sa Yamaha FZ8 de 800 cm3 et de 110 chevaux. Agé de 28 ans, le jeune homme, pour une raison incompréhensible, n'a jamais freiné, bloqué sur sa poignée de gaz. Copropriétaire des lieux, l'ex-pilote professionnel Bernard Haenggeli, qui encadrait la dizaine de participants avec un second moniteur, témoignait dans «Le Matin» de lundi. Pour lui, le motard novice a été victime d'un blocage psychologique et émotionnel. Il aurait accéléré de manière abrupte pour éviter de caler lorsqu'il a débuté sa manœuvre. Il se serait retrouvé face à une puissance méconnue de sa machine et serait alors resté «pétrifié» sur sa machine, incapable de réagir et de décélérer. Arrivé en bout de piste dans un champ de maïs, il a décollé avec son engin et a atterri frontalement dans la façade d'une villa qui se situe 30-40 m plus loin, à environ 110 km/h.
L'ancien champion de moto n'est de loin pas insensible au drame qui s'est joué sous ses yeux samedi matin. «Je suis très triste pour toute cette famille dans le deuil. C'est aussi blessant de remettre en doute ce circuit. Jamais un accident en 19 ans. Je suis dans les normes. J'ai autant de marge de sécurité que lors des examens moto de l'OCN (ndlr: Office de la circulation et de la navigation du canton de Fribourg). Depuis le début du freinage, il y a 70 m de bitume de sécurité. Lors des exercices, la moto, lancée entre 50 et 60 km/h, s'arrête sur 8 à 10 m. C'est dire… Mardi matin (hier), je suis passé à l'OCN. Tout est en règle.»
Procédure pénale en suspens
Pour calmer l'opinion publique, pour rassurer le propriétaire de l'habitation contre laquelle le pilote et sa moto ont fini leur course, et pour la famille, Bernard Haenggeli envisage de faire poser un filet de réception homologué en bout de piste alors que rien ne l'y oblige. Le moniteur attend également les résultats de l'autopsie du Fribourgeois: «Aurait-il fait un malaise, un AVC?» Il attend aussi des réponses de l'inspection de la Yamaha: «On n'est pas à l'abri d'un problème technique.»
Précisément, s'agissant de l'enquête: «A ce stade, aucune procédure pénale n'est ouverte au Ministère public», confirme le porte-parole de la police cantonale, Pierre-André Waeber. En charge du dossier, la procureure Liliane Hauser jugera, une fois les rapports des limiers en mains, si elle ouvre une enquête ou pas, et pour quelle(s) infraction(s), le cas échéant.
L'enterrement du jeune homme de 28 ans aura lieu cet après-midi en l'église Saint-Etienne, à Belfaux. Il laisse derrière lui ses parents, une compagne et deux sœurs.