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ArméeLe commandant bizuteur risque 3 ans de prison

L'ex-commandant d'une compagnie de grenadiers basée à Bure (JU) qui avait cautionné une séance humiliante d'initiation sera jugé fin juin par un tribunal militaire.

Victor Fingal
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Victor Fingal
Les scènes de bizutage qui se sont déroulées à la caserne de Bure ont été largement diffusées sur Internet et dans les médias.

Les scènes de bizutage qui se sont déroulées à la caserne de Bure ont été largement diffusées sur Internet et dans les médias.

Darrin Vanselow/BIST

Ses soldats ont dû boire de l'eau de cuisson de poisson mélangée à du schnaps, manger de la viande pour chats ou servir leurs supérieurs en tenue d'Adam. Deux ans après cette séance humiliante de bizutage, qui s'est déroulée à la caserne de Bure (JU), l'ex-commandant de la compagnie de grenadiers de chars 12/4 doit rendre des comptes fin juin à la justice militaire, a révélé la NZZ am Sonntag. «Il est accusé de désobéissance, d'inobservation des prescriptions de service, d'abus et de dilapidation du matériel. Le droit pénal militaire prévoit des peines allant de l'amende à jusqu'à 3 ans de privation de liberté», confirmait hier Tobias Kühne, porte-parole de la justice militaire.

Commandement retiré

Juste après la découverte des faits grâce à des vidéos diffusées sur Internet et largement médiatisées, le commandement de la compagnie avait été retiré à ce capitaine de milice alémanique, âgé alors de 33 ans. Mais il n'avait pas été destitué. «La base légale ne prévoit pas de dégradation dans ce cas», avait répondu le Conseil fédéral en décembre 2011 à une question du conseiller national Jacques Neirynck (PDC/VD). Mais l'homme risque en théorie d'être exclu de l'armée. «C'est le jugement qui déterminera la réaction de l'armée à son égard», soulignait hier Daniel Reist, porte-parole des Forces terrestres.

Aujourd'hui, dans l'attente de son procès, le capitaine est à disposition du brigadier Daniel Berger, commandant de la brigade blindée 1 dont dépend la compagnie de grenadiers de chars 12/4. Manque de chance pour l'accusé, le brigadier est particulièrement hostile à tout bizutage, même les plus bénins, et il ne les tolère sous aucune forme chez les hommes placés sous son commandement.

L'armée, dans son ensemble, est plus tolérante. «Le bizutage peut renforcer l'esprit de corps, souligne Daniel Reist. A condition que l'alcool n'entre pas en jeu, qu'il ne contienne aucune allusion raciste et qu'il ne soit pas humiliant pour le soldat.»

De la bière dans les souliers

Difficile de faire entrer le bizutage du capitaine alémanique dans cette catégorie. Les soldats avaient aussi dû passer l'épreuve d'un parcours du combattant. A la fin de la course, les bleus avaient été obligés de boire de la bière versée dans une de leurs chaussures. Pour bien marquer l'humiliation, les anciens servaient avec des gants le mélange puant récupéré dans des gobelets.

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