Éditorial: Le Conseil fédéral manie l’épée de Damoclès

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ÉditorialLe Conseil fédéral manie l’épée de Damoclès

Prolonger les heures d’ouverture ou pas? Les cantons romands ont obtenu ce qu’ils voulaient, mais leur situation reste paradoxale. En le faisant, ils risquent de faire remonter l’épidémie.

Eric Felley
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Eric Felley
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Les cantons romands peuvent se montrer satisfaits d’avoir été entendus depuis les annonces fracassantes de mardi dernier. Mais leur marge de manœuvre est ténue, car le Conseil fédéral a placé une épée de Damoclès sur leurs têtes. Il a mis une limite de taux de reproduction du virus – 1 – au-dessus de laquelle après trois jours, ils devront fermer leurs bars et restaurants à 19 heures.

C’est le paradoxe de cette mesure. En tenant ouvert leurs établissements jusqu’à 23 heures, ces cantons vont créer des conditions plus favorables à la circulation du virus. Ils pourraient donc repasser assez rapidement au-dessus de la limite. Ces ouvertures jusqu’à 23 heures ressemblent plus à un cadeau empoisonné qu’à un chèque en blanc. Le choix est d’autant plus délicat à faire que la situation d’exception est prévue jusqu’au 21 janvier.

Comment gérer une telle situation où la visibilité serait à trois jours? Chaque jour les restaurateurs vont s’inquiéter du taux de reproduction. Après deux jours au-dessus de 1, ils vont trembler le troisième. Cela implique une grosse question de confiance. Pour rester à tout prix en dessous de la limite, la tentation pourrait survenir d’adapter les décomptes. Il faut espérer que non, car ce serait de l’inconscience que de jouer avec la santé de la population à ce niveau-là.

Tout le monde a compris que depuis une semaine, l’évolution de l’épidémie n’allait pas dans le bon sens. Dorénavant les cantons romands doivent choisir s’ils prennent ou non l’offre de la Confédération, au risque très élevé de voir les cas repartir à la hausse, de faire monter la pression sur les hôpitaux pour les fêtes de fin d’année et d’être tenus pour responsables. C’est à eux de faire une pesée des intérêts à court et moyen terme.

La présidente de la Confédération l’a bien répété: c’est une possibilité de prolonger les horaires, ce n’est pas une obligation. Face à la fronde bruyante des cantons, le Conseil fédéral a trouvé une réponse un brin machiavélique.

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