FootballLe conte de fées de Marco Wölfli
En 2018, le gardien est redevenu titulaire, contribuant au titre des Young Boys. Il disputera dimanche la finale de la Coupe.
- par
- Textes: François Ruffieux
«Cette année 2018 représente pour moi un véritable conte de fées.» Depuis quelques semaines, la vie s'est accélérée du côté de Berne, où les Young Boys ont brillamment renoué avec un titre de champion qu'ils espéraient depuis trente-deux ans. Elle a aussi consacré, dans les buts, un héros qu'on n'attendait pas. Sorti d'un rôle de remplaçant qui était le sien depuis quatre ans, Marco Wölfli (35 ans) a en effet tenu sa place avec autorité, confondant ainsi les sceptiques.
En janvier, au moment où David von Ballmoos (une épaule sévèrement blessée) a dû jeter l'éponge, la question s'était bien sûr posée: qui gardera les buts bernois pour la défense du fauteuil de leader? YB a certes obtenu le prêt du Français Alexandre Letellier (Angers), un gardien d'expérience, mais il a très vite décidé d'accorder sa confiance à Wölfli, le plus «clubiste» de tous les joueurs bernois.
«J'ai vu tant de visages heureux»
Voilà 19 saisons que Marco Wölfli porte les couleurs d'YB, fidélité quasi sans faille (un bref passage au FC Thoune, avec 14 matches disputés lors de la saison 2002-2003). Mais il avait fini par devenir, bien malgré lui, le symbole d'un club qui n'y arrivait pas. Entre 2006 et 2010, les Bernois ont en effet perdu deux finales de Coupe et laissé filer le titre à deux reprises dans les toutes dernières minutes de la saison. Une sorte de malédiction semblait être tombée sur le Stade de Suisse. Jusqu'à cet exercice 2017-2018, où l'alignement des planètes – mais surtout l'équilibre et la force de frappe de cet effectif – récompense de nouveau l'un des grands clubs du pays.
«J'ai vu tant de visages heureux, nous racontait Marco Wölfli en début de semaine. Quand tu sens tout l'amour des gens pour ce club, toutes les émotions autour de toi, cela te donne à coup sûr une énorme motivation pour la finale de dimanche.» Depuis plus de trois semaines, YB a largement fêté ce titre. Une envie bien légitime. Mais aussi un danger potentiel dans la mesure où il peut être compliqué de se remobiliser, corps et âme, pour aborder dans les meilleures dispositions le dernier rendez-vous passion avant les vacances.
«Rassurez-vous, nous en sommes tout à fait conscients, assure Wölfli. On a d'ailleurs vu contre Bâle (défaite 5-1 le 10 mai, la seule en 2018) que, si nous étions un peu en dessous, ça ne marchait pas. Je crois que ce match nous a vraiment servi de leçon. Faire la fête, c'était très bien. C'était même magnifique. Mais maintenant c'est la cerise sur le gâteau. On a travaillé toute la saison pour ce moment, devant notre public.» Sous-entendu: pas question de le rater!
Et la saison prochaine?
En quatre matches de Super League face à Zurich, YB n'a jamais été battu cette saison, s'imposant trois fois pour un nul (0-0 en août). Raison supplémentaire de se méfier. «On a vu ce qui s'est passé ailleurs, en Autriche (ndlr: Sturm Graz a surpris Red Bull Salzbourg) ou en Allemagne (le Bayern battu par Eintracht Francfort, futur club du coach bernois Adi Hütter) par exemple, note Marco Wölfli. Il n'y a pas de favori dans ce genre d'affiches. C'est vraiment du 50-50.»
Au-delà de cette finale qui va de nouveau électriser la foule «jaune et noire», une question s'inscrit déjà en filigrane: qui défendra les buts bernois la saison prochaine? Autrement dit, von Ballmoos (23 ans) retrouvera-t-il sa place comme si rien ne s'était passé? «Il arrivera ce qui doit arriver. On verra bien», indique tranquillement Wölfli, sous contrat jusqu'en 2019. Avant d'ajouter: «YB ne doit pas avoir la moindre crainte pour ce poste de gardien.»