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EgypteLe deuxième procès de Moubarak tourne court

Le président du tribunal chargé de juger à nouveau l'ex-président égyptien s'est récusé à l'ouverture de la première audience samedi au Caire, faisant tourner court le début de ce procès.

Hosni Moubarak était présent samedi au tribunal dans une cage grillagée, assis sur une civière.

Hosni Moubarak était présent samedi au tribunal dans une cage grillagée, assis sur une civière.

AFP

Le procès en appel de l'ancien chef de l'Etat égyptien Hosni Moubarak a été ajourné samedi dès son ouverture. Le président de la Cour s'est dessaisi de l'affaire pour la transmettre à une autre juridiction, ce qui annonce de longues procédures.

Le juge Moustafa Hassan Abdallah, mis en cause pour l'acquittement de dignitaires du régime déchu lors d'un autre procès, s'est déclaré «embarrassé» quelques secondes seulement après une arrivée houleuse dans la salle de la cour criminelle installée à l'école de police en périphérie du Caire.

Il a renvoyé le dossier devant une cour d'appel, qui devra choisir un nouveau tribunal. Dans la salle, des avocats des parties civiles ont scandé «le peuple veut l'exécution du président», mettant en cause le président du tribunal.

Le juge Abdallah avait présidé la cour qui avait acquitté en octobre 2012 des figures du régime déchu accusées d'avoir orchestré, en février 2011, une attaque de manifestants anti-Moubarak par des hommes de main montés sur des chameaux et des chevaux. Cet épisode est resté célèbre sous le nom de «bataille des chameaux».

Éclipsé par la crise

Hosni Moubarak, qui aura 85 ans en mai, a assisté à la scène enfermé dans une cage grillagée, vêtu de blanc et assis sur une civière, le regard caché par des lunettes de soleil. Il a attendu le début de l'audience en bavardant avec ses deux fils, Alaa et Gamal, qui comparaissaient eux aussi.

Il est ensuite reparti en ambulance du tribunal, entouré d'un important dispositif de sécurité, puis en hélicoptère pour regagner l'hôpital militaire où il est soigné.

Devant l'école de police de la banlieue du Caire où venait de s'ouvrir le deuxième procès de l'ex-raïs, ses partisans étaient beaucoup plus nombreux que ses adversaires. Les forces de l'ordre ont tenu les deux groupes à bonne distance l'un de l'autre.

Néanmoins le nouveau procès qui devait débuter samedi est éclipsé par l'instabilité, une grande partie des Égyptiens étant plus préoccupés par la crise politique, sécuritaire et économique sévissant dans le pays.

Avocat satisfait

La Cour de cassation égyptienne a jugé recevable en janvier l'appel de l'ancien président et de son ministre de l'Intérieur Habib al Adli, tous deux condamnés à la réclusion à perpétuité pour leur implication dans la répression de la «Révolution du Nil».

Hosni Moubarak, Habib al Adli et quatre de ses adjoints avaient été reconnus coupables de complicité dans la mort de plus de 800 manifestants au cours des 18 jours de l'insurrection.

Un avocat des victimes a réagi positivement à la récusation du juge: «Nous réclamons la peine la plus lourde possible pour Moubarak du fait des crimes odieux qu'il a commis contre les manifestants, mais nous sommes satisfaits que le juge ait décidé de se dessaisir parce que nous avions des craintes à son sujet depuis le verdict sur l'attaque à dos de dromadaires», a déclaré Mohamed Abdel Wahab.

Symbole

La condamnation d'Hosni Moubarak en première instance avait eu valeur de symbole: l'ancien président était le premier dirigeant balayé par le «printemps arabe» à être présent à son procès et à se retrouver derrière les barreaux.

La procédure avait déjà montré combien rendre la justice demeure compliqué dans un pays où les magistrats et les membres de forces de l'ordre, nommés sous le règne de celui qui occupait le box des accusés, sont encore en place.

Le tribunal avait jugé qu'Hosni Moubarak et Habib al Adli n'avaient pas su empêcher les exactions lors du soulèvement. Mais il n'a pas sanctionné les deux dirigeants pour les avoir ordonnées.

Dans le cadre de son procès en appel, le ministère public devait s'appuyer sur des éléments rassemblés par une commission d'enquête mise en place l'an passé par l'actuel président Mohamed Morsi. Son refus de publier ce rapport établi en décembre lui a valu de nombreuses critiques.

(AFP)

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