TennisLe droit de rêver pour un Copil non conforme
Contre toute attente, Roger Federer fera face dimanche, en finale des Swiss Indoors, à un joueur issu des qualifications. Un Roumain qui voulait être footballeur.
- par
- Oliver Dufour ,
- Bâle

Marius Copil voulait faire du football. Le voilà en finale contre Roger Federer.
Comme le Bâlois l'a rappelé samedi soir après s'être qualifié pour sa 14e finale dans la halle Saint-Jacques, il n'est pas rare cette saison de voir un joueur s'extraire des qualifications pour remporter un tournoi. Personne n'aurait parié sur le modeste Marius Copil, 93e joueur mondial, pour réussir un tel parcours aux Swiss Indoors pour s'offrir lui aussi, pourquoi pas, une chance de décrocher un trophée en tant que qualifié. Il faudra toutefois que le Roumain croie lui-même en ses chances de commettre un crime de lèse-majesté dans la cour du roi de Bâle.
«Je vais venir en essayant de servir le mieux possible, pour m'offrir quelques points gratuits, et j'essaierai de saisir ma chance», a avancé celui qui a empilé 75 aces depuis le début de la compétition, dont 26 dans sa demi-finale face à Alexander Zverev (ATP 5), et 21 lors de son deuxième tour, où il avait écarté Marin Cilic (ATP 6).
En prime, Copil a servi deux fois à 240km/h face à l'Allemand. «J'avais servi à 242km/h à Melbourne contre Stan Wawrinka, a ajouté celui dont le record avait été enregistré à 244km/h. Est-ce que c'est possible d'atteindre 250? Pourquoi pas. J'espère en tout cas que mon épaule va se détendre pour demain et que je vais encore pouvoir gratter quelques km/h de plus (rire). En tout cas, je pense que je vais avoir cent personnes qui vont m'écrire pour m'expliquer ce que je dois faire contre Roger! Et j'espère qu'il y aura au moins vingt personnes dans la salle qui me soutiendront moi, pas seulement lui (rire)!»
«Un accomplissement irréel»
Pour expliquer cette émergence à 28 ans, le citoyen d'Arad, parti vivre une petite dizaine d'années Munich lorsqu'il avait 11 ans, Copil a imaginé un cumul de facteurs: «Je me présente beaucoup plus détendu qu'avant sur le court. Je ne pense ni à l'avenir ni au passé. Je me concentre uniquement sur ce que j'ai à faire. J'ai également entrepris un travail avec un coach mental et depuis trois ou quatre mois je m'entraîne également avec un coach physique. Raison pour laquelle je me sens vraiment en pleine forme actuellement», a détaillé celui qui avait aussi atteint la finale du tournoi ATP 250 de Sofia (Bul), en février dernier. «Mais ça reste quand même une semaine incroyable, un accomplissement irréel. Et même si je ne gagne pas demain (ndlr: dimanche), ça sera quand même une expérience magnifique», a assuré Copil.
Une expérience qu'il était à mille lieues d'imaginer dans son enfance. Fils d'un père rugbyman et lutteur et d'une mère handballeuse, le petit Marius a découvert le tennis en suivant les traces de son frère. «C'était un fan absolu de Pete Sampras, qui a décidé de faire comme lui. Pour ma part, j'aimais surtout le foot. Et je pratiquais aussi le tennis. Mais mon père déteste le football. Il m'a dit que je devais arrêter. Un jour, il est même allé voir le coach de mon équipe pour lui dire de me faire jouer en défense, plutôt qu'en attaque. Il pensait que ça me forcerait à arrêter.» Un choix que le jeune homme a fini par opérer. Pour se retrouver bien des années plus tard face à Roger Federer en finale (15 heures) d'un prestigieux tournoi. Dimanche dira si le sacrifice en valait la peine.