TerroirLe gâteau de Blanchette est la star du web
Blanchette Loup est la première vedette d'une série de vidéos consacrée par Vaud Tourisme aux recettes du patrimoine vaudois.
- par
- Melina Schröter

J'ai fait 43 gâteaux du Vully pour un mariage.
Lancer Blanchette Loup, joyeuse grand-mère de 86 ans, sur le sujet du gâteau du Vully, c'est l'assurance du joli récit d'une vie où la spécialité vaudoise tient une place de choix. Des 43 gâteaux qu'elle a préparés pour le mariage d'un de ses enfants – «j'étais vite allée chez le coiffeur pendant que la pâte montait» – à la recette transmise par sa grand-mère – «on n'avait jamais voulu la donner à ma maman, qui n'était pas d'ici» –, le célèbre gâteau à la crème est de tous les événements.
Rien d'étonnant donc à ce que l'Office du tourisme du canton de Vaud ait choisi l'habitante de Constantine pour son premier petit film lié au terroir. Le but de ces vidéos: mettre en lumière des vieilles recettes au travers de personnes qui perpétuent leur tradition. Blanchette Loup est la première «héroïne» de cette série d'une dizaine de clips. Un comble pour cette alerte grand-mère qui n'a jamais utilisé d'ordinateur. «J'étais gênée quand on m'a demandé de participer à cette vidéo. Il y a tellement de personnes qui font de bons gâteaux du Vully, pourquoi moi?»
Mais la perspective de pouvoir partager la traditionnelle recette avec le plus grand nombre a convaincu Blanchette. Il faut dire qu'elle ne partage pas avec les anciens le culte des secrets de fabrication. «Pourquoi ne pas donner la recette aux jeunes générations? Au contraire, c'est un cadeau de voir des jeunes qui veulent perpétuer ces traditions!» La joyeuse octogénaire ouvre d'ailleurs très souvent sa cuisine, et son four, à ses 4 enfants, 10 petits-enfants et 6 arrière-petits-enfants pour enseigner l'art du gâteau du Vully. Même si des années de pratique semblent être l'ingrédient le plus important à la réussite du mets: «Il a fallu que j'en fasse beaucoup pour trouver ma recette.»
Dans le four banal de Constantine, dont Blanchette a eu la charge pendant plusieurs années, tous les habitants du village venaient cuire leur gâteau à la crème avant d'y glisser leur pain. L'occasion d'échanger sur les recettes de chacun. «A la base, je pense que c'était un gâteau avec tout ce qu'on avait à la maison: de la farine, du sucre évidemment, et un peu de lard du cochon qu'on tuait.» Et bien sûr de la graisse. Beurre et saindoux, comme le fait encore aujourd'hui Blanchette. Qui pèse toujours tous les ingrédients. Ce qui rend la transmission de la recette plus aisée que du temps de sa grand-mère. «Elle, elle ne pesait rien. Je disais: «Combien tu mets de farine?» Elle répondait: «Jusqu'à ce que tes mains soient propres après le pétrissage.» «Et le levain?» «Pour 10 centimes à l'épicerie.» Impossible de savoir combien elle mettait d'ingrédients, elle faisait tout à l'œil.»
Tout à la main
Alors Blanchette a pétri et garni des centaines de gâteaux du Vully, salés ou sucrés, pour ses amis, sa famille, les moments heureux ou les apéritifs. Toujours à la main. «J'ai un pétrin électrique, mais je préfère faire comme ça, je sens quand la pâte est prête de cette manière. Et pour le coup de main, il n'y a qu'à regarder la vidéo et s'entraîner!» Et Blanchette de confier un dernier souvenir, celui de son mari – «64 ans d'amour comme au premier jour» – qui, quelques jours avant son décès, vantait aux infirmières le délicieux gâteau du Vully de son épouse.