EtudeLe génie génétique vert ne fait pas l'unanimité
L'étude PNR 59, selon laquelle les risques que représente le génie génétique dans l'agriculture en Suisse sont faibles, suscite de vives réactions.

Un champ de maïs transgénique
«Le Programme national de recherche 59 a manqué d'approfondir une des questions les plus importantes et qui reste ouverte», écrit Greenpeace, à savoir les risques encourus lors de la consommation d'OGM. Les recherches indépendantes qui manquent à ce propos équivalent à une expérience mondiale sur les hommes et les animaux, critique l'organisation écologiste.
L'Union suisse des paysans (USP) retient du programme de recherche que le génie génétique est sans utilité pour l'agriculture. Et cela d'un triple point de vue: écologique, agronomique et économique.
Le PNR n'a pas pris en compte les coûts de la séparation des flux de marchandises et la question de la responsabilité civile en cas de contamination. Or, vu l'absence d'utilité économique des cultures étudiées, ces facteurs de coûts sont précisément décisifs pour la pratique.
Pas d'OGM: un avantage de marketing
En conséquence, l'USP ne voit aujourd'hui aucune raison d'assouplir le moratoire sur les OGM et de remettre en jeu l'avantage en termes de marketing que procure à la Suisse leur absence. Pour les paysans, le moratoire qui échoit en novembre 2013 doit donc être prolongé jusqu'en 2017.
L'organisation StopOGM se voit confortée dans sa position par le rapport: la Suisse peut et doit renoncer à l'utilisation commerciale de plantes génétiquement modifiées. Si l'organisation reconnaît la qualité scientifique de certains travaux du PNR, elle critique par exemple le choix du blé comme modèle d'étude.
Aucun essai mené avec du blé génétiquement modifié dans le monde n'a conduit jusqu'à présent à une commercialisation et aucun blé de ce type ne sera mis sur le marché dans les années à venir. Or près de la moitié des fonds du PNR ont été alloués à des recherches sur le blé, dont les résultats sont intéressants uniquement pour le développement de nouvelles variétés transgéniques, mais qui n'apportent rien au débat sur le moratoire.
Comme Greenpeace, StopOGM souligne que le PNR 59 n'a pas traité les questions relatives à l'évaluation sanitaire des OGM, une question pourtant centrale. L'argent et le temps étaient suffisants pour effectuer ces recherches.
Pas de nouvelle prolongation
Du côté des opposants au moratoire, economiesuisse, scienceindustries (chimie et pharmacie), Swiss Biotech et le forum alémanique «Konsumentenforum kf» sont fermement opposés à toute nouvelle prolongation.
Un interdit technologique décrété par l'Etat serait préjudiciable à l'innovation et correspondrait à une véritable régression. Le moratoire anti-OGM affecte la recherche et l'économie de notre pays. Il menace de lui faire perdre la position de pointe que le monde entier lui reconnaît dans ce domaine, écrivent les différentes organisations.
Une chance de développement
La coexistence entre agriculture conventionnelle et agriculture biotechnologique est possible, moyennant un modeste surcroît de dépenses. En échange, les cultures d'OGM peuvent assurer des bénéfices économiques supplémentaires.
Face à l'évolution démographique de la planète, la biotechnologie et le génie génétique ont de plus en plus d'importance, surtout pour les pays émergents ou en développement. En prolongeant le moratoire, la Suisse se prive d'une opportunité de croissance.
Enfin, la liberté de choix semble importante aux yeux des Suisses, rappellent les opposants au moratoire. Des tests confirment qu'un consommateur sur cinq achèterait des produits génétiquement modifiés.