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EtudeLe génie génétique vert serait profitable à l'agriculture

Les risques que représente le génie génétique dans l'agriculture en Suisse sont faibles et le potentiel de cette biotechnologie n'est pas utilisé. Voilà les conclusions du Programme national de recherche PNR 59. La polémique n'est toutefois pas close.

Selon l'étude,les plantes génétiquement modifiées peuvent être consommées sans risque.

Selon l'étude,les plantes génétiquement modifiées peuvent être consommées sans risque.

AFP

De 2007 à 2011, 30 projets de recherche ont été lancés sous l'égide du PNR 59. Onze d'entre eux ont analysé les risques environnementaux du blé, du maïs ou des fraises transgéniques. Leurs auteurs arrivent au même résultat: ils n'ont pas été en mesure d'établir d'effets négatifs sur les insectes utiles, les microorganismes ou la fertilité des sols.

Trois méta-analyses portant sur plus d'un millier d'études internationales arrivent à des conclusions identiques. Le PNR «Utilité et risques de la dissémination de plantes génétiquement modifiées» n'a ainsi «mis en évidence aucun risque, ni pour la santé ni pour l'environnement», a déclaré le Pr Thomas Bernauer, délégué du conseil national de la recherche du Fonds national suisse (FNS).

Conclusion: le potentiel de cette biotechnologie n'est pas utilisé, soulignent les scientifiques, qui suggèrent de déplacer le débat de la problématique de la sécurité et de la faisabilité à celle des aspects écologiques, économiques et sociaux. En effet selon eux, la coexistence de cultures agricoles avec et sans génie génétique est possible dans un petit pays comme la Suisse.

Paiements directs pour les PGM

Ainsi, le cas échéant, les paiements directs ne devraient pas «discriminer» les plantes génétiquement modifiées (PGM). «Refuser d'allouer des paiements directs aux cultures de PGM reviendrait à prolonger le moratoire», a relevé le Pr Bernauer.

Quant aux agriculteurs, leur choix de cultiver ou non des PGM à la fin du moratoire actuel dépendra, selon le PNR 59, principalement de la décision des exploitations voisines et de la rentabilité économique des variétés.

Pour l'agriculture suisse, cette rentabilité est actuellement relativement faible et les PGM susceptibles de remédier à ses déficits écologiques spécifiques font encore défaut. Cela pourrait changer, si la pression des ravageurs augmente, en raison de changements climatiques par exemple.

Prolongation pas exclue

Les paysans suisses jugent les PGM sans utilité écologique, agronomique et économique. Ils prônent une prolongation du moratoire jusqu'en 2017. Le conseiller national Markus Ritter (PDC/SG), candidat à la présidence de l'Union suisse des paysans (USP), a déposé en février une motion dans ce sens que le Conseil fédéral propose d'accepter.

Cette solution risque de toute manière de s'imposer. Un projet d'ordonnance sur la coexistence est actuellement en préparation aux Offices fédéraux de l'agriculture et de l'environnement, a relevé le Pr Bernauer. Et entre la consultation et le passage aux Chambres, cela devrait bien prendre encore quatre ans.

Réactions au quart de tour

Les réactions n'ont pas tardé. Greenpace estime que tous les risques n'ont pas été examinés, notamment ceux de la consommation de PGM. Swissaid juge que le PNR a confirmé les «effets pervers» des PGM et le nécessité de soutenir les communautés paysannes dans leur lutte pour défendre la diversité de leurs propres semences.

L'organisation StopOGM critique le choix du blé comme modèle d'étude. Aucun essai mené avec du blé OGM dans le monde n'a conduit jusqu'à présent à une commercialisation.

Les opposants au moratoire, economiesuisse, scienceindustries (chimie et pharmacie), Swiss Biotech et le forum alémanique «Konsumentenforum kf» sont fermement opposés à toute nouvelle prolongation du moratoire. Celui-ci affecte la recherche et l'économie de notre pays, selon eux.

Liberté de choix

D'après les travaux du PNR 59, seul un quart des consommateurs seraient prêts à acheter des denrées alimentaires produites de cette manière. Mais 80% des sondés sont favorables à une liberté de choix entre produits issus ou non du génie génétique.

Les essais en plein champ doivent être poursuivis afin «d'assurer, en Suisse, le maintien d'une compétence de recherche en matière de biotechnologie végétale», a estimé le Pr Dirk Dobbelaere, de l'Université de Berne, président du comité de direction du PNR 59. La recherche n'est pas touchée par le moratoire.

Décidé en vote populaire en novembre 2005 pour cinq ans, celui-ci a été prolongé par le Parlement pour trois ans. Il expirera le 28 novembre 2013.

(ats)

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