GrèceLe gouvernement Tsipras II investi par le parlement
Le gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras a obtenu la confiance du parlement et pourra donc appliquer les mesures d'économies et réformes promises aux créanciers du pays.

L'équipe gouvernementale a obtenu dans la nuit de mercredi à jeudi la confiance de 155 députés sur 300.
Le Parlement grec a voté dans la nuit de mercredi à jeudi la confiance au gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras, ainsi à pied d'œuvre pour appliquer les mesures d'économies et réformes promises aux créanciers du pays en échange de son sauvetage financier.
L'équipe gouvernementale qui allie le Syriza de Alexis Tsipras à la droite souverainiste (Anel) de Panos Kammenos a fait le plein de ses voix, obtenant la confiance de 155 députés sur 300.
Toute l'opposition, des néonazis d'Aube Dorée aux socialistes du Pasok en passant par les communistes du KKE ont voté «non». Le rival de droite d'Alexis Tsipras, le conservateur Vangelis Meïmarakis, a justifié cette défiance en accusant le Premier ministre d«'escroquerie politique» et d'avoir aggravé la situation économique du pays.
Soutenu par Hollande
Le vote concluait trois jours de débats sans réel enjeu, tant la feuille de route du nouveau gouvernement est définie par l'accord conclu le 13 juillet entre Alexis Tsipras et les bailleurs de fonds, UE et FMI, du pays surendetté, pour lui éviter d'être poussé hors de la zone euro.
Avant le vote, Alexis Tsipras a réaffirmé que son «premier objectif» est de se conformer sans tarder aux engagements envers les créanciers, afin d'obtenir ainsi en novembre leur feu vert «pour conclure d'ici la fin de l'année la recapitalisation des banques et entamer la discussion pour une réduction de la dette» du pays.
Il s'est félicité du soutien apporté selon lui mercredi à Strasbourg par le président français François Hollande «à la nécessité de restructurer la dette». Dans un discours devant le parlement européen, François Hollande a souhaité que l'accord entre Athènes et ses créanciers «se traduise maintenant par une discussion sur le service de la dette».
Alexis Tsipras a aussi jugé que la Grèce pourrait recommencer à emprunter sur les marchés «début 2017».
Sortir définitivement de la crise
Il a réitéré que la mise en œuvre rapide des mesures dictées par les créanciers était le meilleur moyen de s'affranchir rapidement de leur tutelle, et de permettre «une sortie définitve de la crise» d'ici la fin de son mandat de quatre ans.
Lâché par l'aile gauche du Syriza après l'accord de juillet, qui reniait ses promesses de rompre avec l'austérité l'ayant propulsé au pouvoir en janvier, Alexis Tsipras avait démissionné le 20 août pour forcer de nouvelles élections, qu'il a largement remportées le 20 septembre avec 35,46% des voix contre 28,10% pour le principal parti de droite.
Dans la foulée, le Premier ministre a reconduit à leurs postes ses ministres-clés, dont le ministre des Finances Euclide Tsakalotos, très apprécié de ses pairs européens, contrairement à son prédécesseur Yanis Varoufakis.
Série de mesures
Alexis Tsakalotos a calé lundi à Bruxelles avec ses homologues de la zone euro la série de mesures qu'Athènes devra mettre en place d'ici mi-octobre pour que le pays décroche 2 milliards d'euros issus du nouveau plan d'aide de 86 milliards d'euros sur trois ans qui lui a été consenti cet été, le troisième du genre depuis 2010.
Ces deux milliards, et un autre milliard un peu plus tard, qui sera également accordé sous condition, font partie d'une première tranche du plan d'un montant de 26 milliards d'euros, dont le déboursement a été décidé par les créanciers à la mi-août: 10 milliards ont été consignés pour la future recapitalisation des banques grecques, et 13 autres ont été immédiatement absorbés en août et septembre pour des remboursements de la Grèce à la BCE et au FMI.
Ramener un peu de calme
La liste des réformes inclut de nouvelles coupes dans les retraites, une réforme de l'impôt sur le revenu et un durcissement de la fiscalité pesant sur les agriculteurs.
Ce programme «devra être adopté par le parlement aux environs du 15 octobre», raison pour laquelle Alexis Tsipras a demandé à ses ministres de préparer d'ici vendredi les textes qui devront être votés, a indiqué mercredi la porte-parole du gouvernement, Olga Gerovassili.
De quoi ramener un peu de calme dans les relations avec les partenaires de la Grèce et dans sa gestion. La Banque de Grèce s'est félicitée mercredi d'un signal en ce sens, avec une «amélioration de la situation des liquidités des banques grecques» et une «stabilisation du flux des dépôts», qui a conduit la BCE à abaisser le niveau des prêts d'urgence (ELA) en faveur des banques grecques, de 89,9 mds à 87,9 milliards.