Le lait bio est-il plus sain que le lait non-bio?

Dans un pays amoureux des produits laitiers comme la Suisse, il est facile d'oublier que la plus grande partie de la population mondiale est biologiquement incapable de savourer du lait. Par conséquent, débattre des bénéfices pour la santé du lait biologique par rapport au lait qui ne l'est pas pourrait paraître une perte de temps. Mais poursuivons, par considération pour les 1,75 milliard de buveurs de lait potentiels existant.
Les études sur le sujet abondent, et si certaines d'entre elles soutiennent que le lait bio est supérieur sur le plan nutritionnel au lait non-bio, d'autres montrent qu'ils sont, au mieux, à égalité. Le dernier mot n'est peut-être pas encore dit, mais néanmoins dans la plus grande méta-analyse portant sur les études parues à ce jour comparant des produits laitiers bio à des produits non bio, les produits bio l'ont emporté.
C'est la composition des graisses qui a propulsé les laitages bio au sommet. Mais avant d'y venir, il nous faut parler de graisse alimentaire.
Nous avons tendance à classer les graisses dans une catégorie unique. Pourtant, notre alimentation contient en réalité des douzaines de différentes sorte d'acides gras chimiquement différents. Les acides gras saturés, qui tendent à se solidifier à température ambiante (pensez au beurre ou aux côtelettes de porc) et sont souvent d'origine animale, ne possèdent pas de double liaison entre leurs molécules de carbone. Les graisses mono et polyinsaturées en revanche possèdent une ou plusieurs doubles liaisons.
Du fait que les graisses saturées ont été associées à un risque accru de maladie cardio-vasculaire, les professionnels de la santé recommandent de maintenir la consommation de celles-ci au minimum et de les remplacer par des graisses insaturées, moins nocives.
Retour à notre méta-analyse: en compilant les résultats de près de 200 études, les chercheurs ont conclu que les laits biologiques et non-biologiques avaient en gros les mêmes concentrations de graisses saturées et mono-insaturées. Ce qui a fait pencher la balance en faveur du lait bio, c'est sa concentration plus élevées en acides gras omega-3 polyinsaturés.
Mais comme souvent en science, tout n'est pas tout noir ou tout blanc. Tandis que les chercheurs ont établi que les produits laitiers bio contiennent davantage de fer et d'alpha-tocophérol, les produits conventionnels avaient une teneur plus élevée en deux minéraux favorables: l'iode et le sélénium.
Réféences: ?rednicka-Tober, D. et al. (2016). Higher PUFA and n-3 PUFA, conjugated linoleic acid, ?-tocopherol and iron, but lower iodine and selenium concentrations in organic milk: a systematic literature review and meta- and redundancy analyses. The British Journal of Nutrition, 115(6), 1043–1060. http://doi.org/10.1017/S0007114516000349