FootballLe Lausanne-Sport était partout où on ne l’attendait pas
Le LS n’a fait qu’une bouchée d’un Servette dépassé (2-1). Surtout, il a rassuré et surpris en bien.
- par
- Florian Vaney, Lausanne

Alain Geiger a plus ou moins résumé les choses ainsi lorsqu’il a dû trouver une explication au naufrage de son équipe dimanche. Sans ballon, Lausanne se trouvait partout où était Servette. Avec ballon, les Lausannois se trouvaient partout où n’était pas leur rival grenat. Autrement dit, les Genevois n’ont jamais eu la possibilité de développer quoi que ce soit à la Pontaise (exception faite des dix dernières minutes), pendant que les assauts vaudois partaient de tous les côtés. L’image a beau être un peu exagérée, elle donne un avant-goût assez précis de ce à quoi a ressemblé le derby des ennemis lémaniques.
La réalité, c’est que le LS n’a pas seulement surpris Servette: il a surpris tout le monde. Et Dieu sait que la liste des interrogations avant la rencontre (dont les Lausannois étaient, et plutôt nettement, donnés perdants) était longue. D’abord, il était question d’un effectif un peu léger. Puisqu’il n’a effectué que trois transferts (d’une importance d’apparence assez relative) jusqu’ici, Lausanne s’est présenté avec onze habitués au coup d’envoi.
Le LS doit se renforcer
Il serait téméraire, voire presque un peu inconscient, de penser que le Lausanne-Sport peut se passer d’un ou deux renforts s’il entend tenir le rythme jusqu’au terme de la saison. Reste que ce groupe, qui a suffisamment roulé sa bosse ces 24 derniers mois en Challenge League, méritait d’obtenir sa chance dans l’élite. Un groupe qui profite de chaque occasion pour donner un peu plus l’impression d’être taillé pour la Super League. Pour l’instant, il n’a en tout cas encore jamais déçu face à une équipe de première division. Ni en amical, ni contre Xamax, Lugano ou Bâle en Coupe la saison dernière, et certainement pas dimanche contre Servette.
Puisqu’il est question du contingent, l’un des autres gros points d’interrogation qui flottait au-dessus de la tête du LS avant cette reprise concernait ses latéraux. Soit probablement le secteur de jeu ayant le moins donné satisfaction lors du dernier exercice. Marc Fred Tsoungui a été engagé cet été et le jeune homme a montré des choses intéressantes en préparation, mais Per-Egil Flo et Nikola Boranijasevic sont toujours les numéros 1 sur la gauche et la droite de la défense. Avec leurs qualités et leurs défauts récurrents, à commencer par une maladresse certaine et de vraies lacunes au niveau de leurs capacités à centrer.
Boranijasevic à la hauteur
Le fait est que les deux hommes se sont montrés à la hauteur dimanche. Principalement le dernier nommé, à qui revient quasi tout le mérite de l’ouverture du score. Le Serbe s’est arraché pour reprendre un ballon qui semblait perdu, s’est joué d’Arial Mendy avec hargne et malice avant de lâcher une passe parfaite pour Aldin Turkes. Soit exactement le genre d’initiative qu’on aimerait voir aboutir plus souvent de la part des hommes de couloir lausannois. Un poste clef, d’autant plus lorsqu’on peut compter sur un duo d’attaquants de la qualité d’Aldin Turkes et Andi Zeqiri, qui ne demandent qu’à être arrosés de ballons exploitables.

Aldin Turkes a brillé dimanche lors du derby lémanique.
Retour aux incertitudes estivales. Celui qui n’y a pas échappé, c’est Giorgio Contini. Résumé de son lien d’attachement avec les supporters vaudois, le technicien soupirait il y a quelque temps avoir abandonné l’idée d’un jour être apprécié à Lausanne. On lui reproche ses choix, son manque de réactivité sur le banc, le fait de ne pas avoir fait progresser son équipe en deux saisons. De par son poste, il est pour beaucoup le nœud des soucis bleus et blancs, quand soucis il y a. La question était donc de savoir si Giorgio Contini possédait le bagage nécessaire pour obtenir des résultats en Super League.
Contini conservateur?
L’homme n’en a pas fanfaronné après la rencontre, mais la vérité, c’est qu’il avait parfaitement préparé son équipe à en découdre avec les Servettiens. Tout le monde, à commencer par son homologue Alain Geiger, a dû se résoudre à l’admettre une fois le résultat final entériné. Exit le 4-3-3 ultra-offensif et ouvert qu’il a employé quasi toute la saison dernière. Place à un 3-4-1-2 beaucoup plus compact. L’idée? Museler au maximum les dangereuses individualités genevoises (on n’a presque pas vu Miroslav Stevanovic et Timothé Cognat) et tabler sur des transitions verticales au possible. Soit exactement le genre de système qui a posé problème aux Grenat la saison dernière.

Giorgio Contini (à gauche) a remporté son match dans le match avec Alain Geiger.
Giorgio Contini est un coach conservateur? D’accord, mais cela ne l’empêche pas d’être capable de s’adapter. Dimanche, il s’est à merveille appuyé sur les forces de son équipe. Avec Elton Monteiro, Noah Loosli et Mickaël Nanizayamo, le LS possède trois vrais bons défenseurs centraux? Les trois ont été titularisés. Lausanne a perdu en force de frappe avec le départ de Dan Ndoye à Nice? Son remplaçant Rafik Zekhnini n’étant pas encore prêt, seuls deux attaquants se trouvaient sur la pelouse au coup d’envoi. Pour un résultat homogène et spectaculaire. Oui, ce sont les joueurs qui sont allés chercher les trois points et le mérite de ce succès leur revient. Mais ceux-ci, il faut le relever, ont été placés dans les meilleures dispositions.
La fin de la Pontaise
Si ce n’est lancer idéalement son championnat et faire taire quelques sceptiques, le Lausanne-Sport n’a fait qu’un minuscule premier pas dans la bonne direction. En fait, il convient même de redoubler de vigilance, dans le sens où les Vaudois ont presque donné l’impression de surjouer par moments (le LS peut-il finir hors des cinq premiers si Stjepan Kukuruzovic maintient ce niveau toute la saison?). Reste que bientôt, l’heure du retour des supporters dans les stades devrait sonner. Et que ceux-ci ne demandent qu’à être aussi surpris en bien. Autant que le millier de privilégiés qui a assisté à ce qui restera sans doute comme le dernier Lausanne - Servette de l’histoire de la Pontaise.