Brésil: Le maire de Rio de Janeiro arrêté et destitué

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BrésilLe maire de Rio de Janeiro arrêté et destitué

Le maire Marcelo Crivella, qui allait quitter son poste dans 9 jours après avoir perdu aux municipales de novembre, est soupçonné de corruption.

Tout au long de son mandat, Marcelo Crivella, ici en mai 2019, a fait l’objet de plusieurs procédures visant sa mauvaise gestion.

Tout au long de son mandat, Marcelo Crivella, ici en mai 2019, a fait l’objet de plusieurs procédures visant sa mauvaise gestion.

AFP

Le maire de Rio de Janeiro, l’ancien pasteur évangélique Marcelo Crivella, a été arrêté et destitué, mardi, la justice le soupçonnant d’avoir dirigé un système de corruption au sein de la municipalité de la deuxième ville du Brésil, a confirmé le parquet à l’AFP.

Vaincu aux élections municipales de novembre, alors qu’il avait le soutien du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, Marcelo Crivella s’est déclaré la cible d’une «persécution politique». À neuf jours de la fin de son mandat, Marcelo Crivella a été interpellé à 6h00 du matin à son domicile du quartier cossu de Barra de Tijuca, selon les images montrées par la chaîne GloboNews.

Après la confirmation de son placement en détention provisoire, il a été emmené dans une prison du nord de la ville. Mais quelques heures plus tard, le président de la Cour supérieure de Justice, Humberto Martins, lui a accordé une assignation à résidence. Il pourra donc rester chez lui, muni d’un bracelet électronique.

«Je demande justice»

Le juge Martins a considéré que le placement en détention provisoire n’était pas «justifié», en soulignant que Marcelo Crivella, âgé de 63 ans, faisait «partie du groupe à risque face au Covid-19», a indiqué la Cour dans un communiqué. «Je suis le maire qui a le plus agi contre la corruption à Rio de Janeiro. Je demande justice», a déclaré aux journalistes Marcelo Crivella.

La juge qui avait ordonné l’opération, Rosa Helena Penna Macedo Guita, a décidé la destitution de Marcelo Crivella en le désignant comme le «chef d’une organisation criminelle (…) installée au sein de la mairie de Rio, dans le but d’obtenir des profits illicites selon les procédés les plus variés».

Plusieurs autres personnes ont été arrêtées au cours de la même opération, dont l’homme d’affaires Rafael Alves, soupçonné d’être le cerveau de l’affaire. ce dernier est le frère de Marcelo Alves, ancien président de l’agence municipale de tourisme Riotur.

Mauro Macedo, ex-trésorier de campagne de Marcelo Crivella, a également été arrêté. Il est le cousin du pasteur évangélique Edir Macedo, fondateur de l’Église universelle du Royaume de Dieu (IURD, néo-Pentecôtiste), dont le maire de Rio est un neveu. Selon l’enquête, qui a débuté en 2018, les entreprises qui voulaient conclure des contrats avec Riotur remettaient des chèques à Rafael Alves.

Grave crise politique et financière

Marcelo Crivella passera le 1er janvier le relais à Eduardo Paes (MDB, centre-droit), qui l’a très largement battu aux élections de novembre (avec 64% des voix contre 36%). Tout au long de son mandat, Marcelo Crivella a fait l’objet de plusieurs procédures visant sa mauvaise gestion, accusé de mélanger politique et religion et de favoriser les membres de son église.

En juillet 2018, selon le journal «O Globo», il avait ainsi promis lors d’une rencontre avec des pasteurs évangéliques que les fidèles de l’IURD auraient la priorité pour les opérations de la cataracte dans les cliniques municipales. Le bureau du procureur a récemment ouvert une enquête sur l’utilisation présumée de l’Église universelle du Royaume de Dieu pour blanchir l’argent de la corruption.

Après avoir été au centre des attentions du monde entier avec la réception de grands événements sportifs comme la finale du Mondial-2014 et les Jeux Olympiques de 2016, Rio de Janeiro a plongé dans une grave crise politique et financière. Le gouverneur de l’État de Rio, Wilson Witzel, a été destitué fin août pour corruption présumée. Avant lui, les cinq derniers gouverneurs de Rio ont eu des démêlés avec la justice et quatre d’entre eux ont même fait de la prison.

(AFP/NXP)

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