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Drame du Highlander«Le meurtrier présumé n'a pas su s'adapter»

Le procès des quatre auteurs présumés de la rixe meurtrière à la sortie d'une disco touche à sa fin. Verdict dès 18h.

Benjamin Pillard
par
Benjamin Pillard
Devant le Highlander, quelques heures après le meurtre, en février 2011.

Devant le Highlander, quelques heures après le meurtre, en février 2011.

Sandro Campardo

«Je suis désolé de ce qui est arrivé. Je le regrette vraiment.» Arben*, Kosovar sans papiers de 24 ans, domicilié chez des proches entre Yverdon (VD) et Sainte-Croix depuis 2008, a une nouvelle fois fait part de sa tristesse au sujet de la mort de Fatmir I., poignardé à six reprises dans la région du cœur dans la nuit du 24 au 25 février 2011, devant l'ancienne discothèque «Highlander» du centre-ville de Neuchâtel (devenue entre temps «Soho», avant de fermer définitivement en juin dernier).

Quatorze ans requis

Prévenu de meurtre, Arben risque 5 à 20 ans de prison. Le procureur suppléant du Parquet régional neuchâtelois Marco Renna a requis hier une peine de 14 ans.

Ce deuxième et dernier jour de procès instruit par le Tribunal criminel neuchâtelois du Littoral et du Val-de-Travers est consacré aux plaidoiries des deux parties. Avocat de la partie plaignante (la veuve et les proches de Fatmir, restés en Serbie), Me David Erard a insisté sur la «froideur» et le «manque de scrupules» avec lesquels le meurtrier présumé aurait commis son «crime odieux». «Son manque d'égard fait froid dans le dos», a-t-il ajouté, en rappelant les propos tenus hier par Arben devant la Cour: «Je ne sais pas quoi vous dire, il s'est passé ce qu'il s'est passé. Ce qui est arrivé est vraiment très mal fait.» Aux yeux de l'homme de loi, le prévenu nierait l'évidence. «Mais il faut être plus malin qu'il ne l'est pour mentir sans contradiction», a souligné Me Erard. Avant de conclure son plaidoyer à charge: «il n'a pas su s'adapter à la civilisation; sa place est assurément en prison.»

L'avocat chaux-de-fonnier ne s'est pas montré plus compréhensif à l'endroit de Cédric*, Franco-Suisse de 21 ans, complice présumé, qui admet être allé chercher son poignard dans la voiture à la demande d'Arben et avoir été animé par une «envie de frapper» la nuit du drame. «C'est comme si c'était lui qui avait donné les coups de couteau avec Arben», juge Me Erard. «Il aurait pu être renvoyé comme coauteur d'un assassinat.» L'homme de loi a demandé une peine «extrêmement sévère», au moins égale à celle requise hier par le Ministère public, à savoir 8 ans de prison ferme.

La peine divisée par deux Une sanction que l'avocat de Cédric, Me Christophe Schwarb, a estimée «totalement excessive», tout comme celle des trois autres auteurs de la rixe. «Diviser la peine par deux serait plus en adéquation avec ce qui s'est passé.» Voire même l'acquittement pur et simple, selon la version des faits que retiendront les juges.

Quant à Arben, son avocat Me Pierre-Henri Dubois a estimé que la version soutenue par le Ministère public et la partie plaignante «peut être vraie. Mais peut-être pas.» Au bénéfice du doute, l'homme de loi a demandé que son client soit condamné uniquement pour rixe, à savoir une peine avec sursis. Et de conclure: «Arben a été désigné comme meurtrier parce qu'il n'a pas pu prouver son innocence. Notre justice ne fonctionne pas comme ça.» Les jugements des quatre coprévenus seront connus à 18h.

*Prénoms fictifs.

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