TélécommunicationsLe nouveau système d'écoutes a été abandonné
Le nouveau système de surveillance des télécommunications, acquis pour 18 millions de francs, a été abandonné par la Confédération.

L'outil d'écoutes téléphoniques comportait des lacunes.
La Confédération abandonne le nouveau système de surveillance des télécommunications pour élucider des crimes. Acquis pour 18 millions de francs, cet outil d'écoutes téléphoniques présentait des lacunes et son entrée en vigueur avait déjà été repoussée à une date indéterminée.
L'abandon a été décidé par l'organe de pilotage «Surveillance des télécommunications» composé de représentants de la Confédération et des cantons, a annoncé vendredi le Département fédéral de justice et police (DFJP). «La confiance dans le fabricant a été rompue», a regretté à Berne devant les médias Michael Lauber, procureur général de la Confédération.
Le fabricant du nouveau système d'interception suisse (ISS) n'a pas respecté, à plusieurs reprises, ce qui avait été convenu dans le contrat, a-t-il ajouté. «Nous n'avions pas l'assurance que le nouveau système serait opérationnel à telle ou telle date.»
«Depuis trois ans, nous avons toujours à nouveau été déçus par cette entreprise», a renchéri Matthias Ramsauer. Le secrétaire général du DFJP a expliqué que l'outil était performant en soi, mais que le fabricant peinait à l'adapter aux complexités suisses, notamment aux 26 systèmes cantonaux.
Pas avant 2015
Le mandat de développer un nouveau système d'écoutes téléphoniques et de surveillance des télécommunications a donc été confié au fabricant qui a livré le système LIS, en service aujourd'hui. Il est lui déjà familiarisé avec les besoins et spécificités suisses, a souligné M. Ramsauer.
Le nouveau système ne sera ainsi pas opérationnel avant fin 2015. Le Conseil fédéral a déjà approuvé le crédit supplémentaire nécessaire de 13 millions de francs.
Pas une «Rolls-Royce»
Pour le procureur de la Confédération, cette solution est «suboptimale» étant donné que le système finalement retenu n'est pas une «Rolls-Royce» techniquement parlant. Il ne remplit pas toutes les fonctions que les utilisateurs souhaiteraient, a-t-il reconnu. Mais mieux vaut s'assurer que les promesses seront tenues, a ajouté Michael Lauber, relevant que vu les développements technologiques fulgurants, les systèmes de surveillance doivent être de plus en plus complexes.
Le fabricant du LIS s'est engagé à continuer à faire fonctionner l'ancien système, en fin de vie, jusqu'à l'arrivée du nouveau, a complété M. Ramsauer. Malgré cette technologie désuète, la Suisse ne souffre pas de graves lacunes en matière de surveillance, a-t-il assuré. Des mises à jour sont régulièrement effectuées.
Lancé en 2008
«Le ver était dans le fruit» dès le début du projet, lancé en 2008, a par ailleurs reconnu Matthias Ramsauer. Deux audits avaient été effectués et le chef de projet remplacé.
En février, le DFJP avait reconnu des lacunes dans le nouveau système, mais prévoyait encore une entrée en fonction au milieu de l'année. En avril, l'introduction avait été repoussée sine die. Les autorités cantonales s'étaient en particulier plaintes qu'il ne permettait pas de surveiller tous les moyens de communication modernes.
Les autorités pénales comptaient sur le nouvel outil pour mieux surveiller les cybercriminels. Le système ISS devait par exemple permettre d'intercepter les images envoyées d'un téléphone portable.
Autres scandales
ISS n'est pas le premier déboire informatique de la Confédération. L'Administration fédérale des contributions avait notamment dû renoncer en automne 2012 au projet Insieme, entraînant une perte de quelque 105 millions de francs et faisant rouler plusieurs têtes.