Agression à Yverdon: Le parquet réclame 20 ans pour l'assassinat de Tchang

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Agression à YverdonLe parquet réclame 20 ans pour l'assassinat de Tchang

Lourde peine requise à l'encontre du jeune gitan qui avait massacré un Vaudois de 53 ans au port d'Yverdon, en 2015. L'argent aurait motivé le crime.

par
Benjamin Pillard
Le jeune homme est transféré par la gendarmerie entre la prison et le tribunal criminel du Nord vaudois.

Le jeune homme est transféré par la gendarmerie entre la prison et le tribunal criminel du Nord vaudois.

Un assassin menteur et lâche, qui n'a eu de cesse de reporter la faute sur sa victime tout au long des deux ans d'enquête pénale. «Il a tenté de tuer Tchang une deuxième fois en le traînant dans la boue, alors que ce dernier n'est plus là pour se défendre», a fustigé d'entrée de cause le procureur général adjoint Franz Moos, hier, face au tribunal criminel du Nord vaudois. Une cour de cinq juges chargée de condamner Gabor* (22 ans), le tsigane qui avait multiplié les violents coups de pied à la tête d'un quinquagénaire jusqu'à ce que mort s'en suive, une nuit d'été 2015, sur la place de sauvetage du port d'Yverdon.

Car, très vite, la ligne de défense du jeune Rom a été d'affirmer qu'il avait été pris de panique après que Tchang l'a saisi par le pull, son autre main dans une poche comme pour chercher un couteau, afin que le mendiant – qui se prostituait – lui prodigue de nouveau des rapports sexuels (l'enquête a pu établir que le Vaudois l'avait accueilli à son duplex de Sainte-Croix une dizaine de jours plus tôt pour du sexe tarifé). «C'est une insulte à l'intelligence et à Tchang de vouloir faire croire à une telle relation entre les deux hommes», a tonné le procureur Moos.

«La victime était fortement alcoolisée – 2,8‰ – et souffrait de problèmes cardiaques. On ne peut pas croire à la version d'un individu qui aurait pu représenter un danger pour l'accusé.» Le magistrat a en revanche concédé au tueur qu'il avait forcément été question d'argent le jour du drame.

Lundi, lors de son interrogatoire, Gabor a répété que le quinquagénaire aurait «proposé» et «promis» au gitan de lui payer 300 francs pour les rapports sexuels de Sainte-Croix. Tout en jurant «ne pas avoir tué pour lui prendre de l'argent». Seulement voilà: celle qui était la compagne du tsigane, ainsi qu'une autre femme de la communauté, ont déclaré en cours d'enquête que les coups résultaient «de l'argent qu'il n'avait pas reçu». Un mobile particulièrement odieux qui justifie à lui seul la qualification d'assassinat. Et une peine de 20 ans de prison, a estimé le représentant du Parquet. À savoir, en Suisse, l'équivalent de la perpétuité.

«Les psychiatres ne le décrivent comme un monstre sans scrupule, mais comme une personne en proie à une émotion violente la nuit des faits», a rétorqué l'avocate du jeune tsigane, Me Johanna Trümpy. «En plus d'avoir eu des relations homosexuelles alors qu'il est hétéro – et avec une personne beaucoup plus âgée –, mon client a eu le sentiment d'avoir été berné.» Avant d'implorer la clémence du tribunal.

Verdict lundi.

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