RUSSIELe PDG de Total meurt dans un accident d'avion à Moscou
Le Français Christophe de Margerie est décédé dans le crash de son avion privé à Moscou. Selon les premiers éléments de l'enquête, le conducteur de la déneigeuse était ivre au moment de l'accident.

Christophe de Margerie, ici lors du forum de Davos en janvier 2014.
Le patron de Total, Christophe de Margerie, a trouvé la mort lundi 20 octobre dans l'accident de son jet privé au décollage de l'aéroport Vnukovo de Moscou, ont annoncé l'aéroport russe et le groupe pétrolier français. Son appareil, un Falcon 50, s'est écrasé après avoir percuté une déneigeuse. «Tous les occupants de l'avion ont trouvé la mort, dont les trois membres d'équipage et Christophe de Margerie», a précisé le groupe dans un bref communiqué.
Les boîtes noires de l'appareil ont été trouvées par les experts dépêchés sur place, selon une source au sein de l'aéroport, citée par l'agence Interfax. Selon les premiers éléments de l'enquête, le conducteur de la déneigeuse qui est entré en collision avec l'appareil était ivre, a annoncé mardi le comité d'enquête russe. Cet homme n'a pas été blessé. «Il a été établi que le conducteur de la déneigeuse était en état d'ivresse», a-t-il précisé.
Les enquêteurs évoquent également «les mauvaises conditions météorologiques et une erreur de pilotage». Plus de 150 secouristes et 39 véhicules spéciaux ont été déployés pour déblayer le site du crash, selon le ministère russe des Situations d'urgence.
Le Bureau d'enquête et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) a annoncé qu'il dépêchait dans la journée trois enquêteurs à Moscou.
Réunion près de Moscou
Christophe de Margerie, 63 ans, était sur la liste des participants à une réunion sur l'investissement étranger, organisée par le gouvernement russe lundi à Gorki, près de Moscou.
Reconnaissable à sa moustache, le PDG de Total était devenu directeur général en 2007 du groupe, puis PDG en 2010. Il était unanimement reconnu pour sa compétence et sa connaissance des métiers du pétrole.
Sous son égide, Total avait accéléré ces dernières années ses investissements dans l'exploration, pour remplir des objectifs ambitieux de croissance de sa production de pétrole, tout en menant d'importantes cessions d'activités.
Restructurations
Parallèlement, le groupe n'avait pas hésité à restructurer ses activités en France, avec la fermeture de sa raffinerie de Dunkerque (nord) en 2010, puis la réorganisation de son site pétrochimique de Carling en Moselle (est) annoncée l'an dernier.
Né le 6 août 1951, marié et père de trois enfants, diplômé de l'institut universitaire de technologie et de l'école supérieure de commerce de Paris, Christophe de Margerie était entré en 1974 chez Total, dont il avait par la suite gravi tous les échelons.
En mai dernier, alors que les actionnaires de Total avaient accepté de repousser la limite d'âge du président du groupe de 65 à 70 ans et celle du directeur général de 65 à 67 ans, lui permettant d'être reconduit dans ses fonctions, il avait annoncé qu'il préparait sa succession et que son dauphin serait choisi en interne.
«Je fais le nécessaire pour que, le jour venu, le conseil puisse choisir et annoncer le nom de mon successeur», avait-il dit lors d'un entretien accordé au site d'informations La Tribune.
Succession
«Dans la culture Total, ce sera quelqu'un du groupe», avait-il ajouté. Il se disait favorable à «une transition en douceur» mais ne souhaitant pas dire s'il avait un dauphin en tête.
Les noms de Philippe Boisseau, directeur général de la branche marketing & services, et de Patrick Pouyanné, patron de la branche raffinage-chimie, tous deux membres du comité exécutif de Total, ont souvent été évoqués.
Total est la deuxième plus grosse société du CAC 40, avec une capitalisation boursière de 102 milliards d'euros (123 milliards de francs), et le quatrième groupe pétrolier mondial derrière Exxon, Royal Dutch Shell et Chevron.
Lundi, l'action Total a clôturé en baisse de 2,75% à 42,94 euros à la Bourse de Paris.
Total baisse à la Bourse
Le titre du groupe pétrolier Total était en baisse sensible mardi matin à la Bourse de Paris. A 09H06 (07H06 GMT), la valeur, poids lourd du CAC 40, perdait 1,37% à 42,35 euros, alors que l'indice parisien lâchait 0,40%.