TurquieLe philanthrope Osman Kavala écroué
L'homme d'affaires et philanthrope est soupçonné de liens avec le coup d'Etat manqué de juillet 2016.

Né à Paris, Osman Kavala est le co-fondateur de l'une des plus grandes maisons d'édition turques.
L'homme d'affaires et philanthrope turc Osman Kavala, en garde à vue depuis deux semaines, a été placé en détention préventive mercredi à Istanbul, selon l'agence étatique Anadolu. Cette mesure a été prise dans l'attente d'un procès pour liens avec le coup d'Etat manqué de juillet 2016.
Selon Anadolu, M. Kavala a été incarcéré sur la base d'accusations initiales de «tentative de renverser l'ordre constitutionnel» et «tentative de renverser le gouvernement», dans le cadre d'une enquête sur le putsch manqué du 15 juillet 2016 et sur un scandale de corruption qui a éclaté en décembre 2013. Celui-ci impliquait des proches du président Recep Tayyip Erdogan ainsi que des ministres.
M. Erdogan avait qualifié ce scandale de complot fomenté par le prédicateur installé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, à qui Ankara a également imputé la tentative de coup d'Etat. Ces accusations sont susceptibles d'êtres changées dans l'acte d'accusation, qui peut mettre des mois à être finalisé.
Les médias turcs avaient rapporté la semaine dernière que l'enquête dans le cadre de laquelle est poursuivi M. Kavala vise également Metin Topuz, un employé du consulat américain à Istanbul dont l'interpellation début octobre a provoqué une nouvelle crise diplomatique entre Ankara et Washington.
Différend sur le génocide
Né à Paris, Osman Kavala est le co-fondateur de l'une des plus grandes maisons d'édition turques, Iletisim Yayinlari, et préside l'ONG Kültür Anadolu (Culture Anatolie) qui oeuvre à surmonter les différences au sein de la société turque à travers la culture et les arts.
Cette organisation s'est également efforcée de jeter des ponts entre la Turquie et l'Arménie, dont les relations sont quasi inexistantes en raison du différend qui les oppose sur la question du génocide arménien pendant la Première Guerre mondiale. La Turquie refuse le terme de «génocide» affirmant qu'il s'agissait d'une guerre civile, doublée d'une famine, dans laquelle 300'000 à 500'000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
L'arrestation le 18 octobre de M. Kavala à l'aéroport d'Istanbul a renforcé les inquiétudes quant à la dégradation de la situation des droits de l'Homme en Turquie, où plus de 50'000 personnes ont été arrêtées depuis le putsch manqué.