Bienne: Le pissoir qui fait de l'engrais entre sur le marché

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BienneLe pissoir qui fait de l'engrais entre sur le marché

Une station mobile permet de transformer l'urine pour arroser les pelouses, mais aussi les salades. L'expérience entre dans sa phase commerciale. Mais comment ça marche?

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Lematin.ch
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La conseillère municipale Silvia Steidle est fan du projet.

La conseillère municipale Silvia Steidle est fan du projet.

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Une citerne de mille litres d'urine remplie depuis l'été dernier.

Une citerne de mille litres d'urine remplie depuis l'été dernier.

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Venu de l'école d'horticulture de Lullier (GE), Jean-Marc Vuillod... ...

Venu de l'école d'horticulture de Lullier (GE), Jean-Marc Vuillod... ...

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Fabriquer de l'engrais avec l'urine des buveurs de bière? L'expérience qui fait son chemin depuis un an à Bienne entre dans sa phase commerciale. Il ne s'agit plus seulement d'arroser deux terrains de tennis sur gazon aménagés dans l'ancien stade du FC Bienne, mais d'exporter l'«UrinExpress», une roulotte où dans trois cuves, le pipi est transformé en engrais.

À l'école d'horticulture de Lullier (GE), Jean-Marc Vuillod est maître de pratique en culture maraîchère: «Je mène un essai avec le cardon et les tours à salades, mais en irriguant les racines sans arroser les feuilles». Rien n'est acquis à l'école: le dégoût pointe parmi les élèves, mais aussi à la direction. «L'engrais à l'urine, on l'a mis avant, on l'a dit après», souffle Jean-Marc Vuillod en soulignant qu'«il n'y a aucune différence de goût».

Mille litres

À Bienne, la latrine installée à l'initiative de Matthias Rutishauser permet de remplir deux citernes de mille litres, pour une production de 50 à 70 litres d'engrais chacune. Mais la cheffe de projet Nadège de Chambrier voit grand: «Les 56 000 Biennois pourraient fertiliser 280 terrains de tennis», calcule-t-elle pour le compte de l'entreprise zurichoise Vuna.

Avant Bienne, c'est à Zurich que l'expérience a démarré dans deux stations de recherches. Avec leur station mobile, les concepteurs de l'«UrinExpress» iront à la rencontre de leurs clients, en particulier en parcourant les festivals.

Conseillère municipale

La conseillère municipale Silvia Steidle (PLR) n'a pas eu besoin d'utiliser l'urinoir équipé de kits en carton «PisseDebout», elle semblait déjà convaincue: «Ce projet illustre notre envie de faire de Bienne une ville décalée et anti-conformiste», a indiqué la directrice des Finances.

La production d'un engrais urinaire a été approuvée par l'Office fédéral de l'agriculture pour la fertilisation des légumes et des fleurs. L'urine récupérée est stabilisée de manière à transformer l'ammonium en nitrate.

Le volume est réduit par distillation: les pathogènes sont supprimés et 500 litres d'urine produisent 35 litres d'Aurin. Les médicaments et les hormones sont éliminés par un filtre à charbon actif.

À la source

L'engrais produit à base d'urine décharge les stations d'épuration d'une pollution: «Les nutriments contenus dans l'urine sont néfastes quand il font proliférer les algues des lacs , mais utiles quand il font pousser des légumes», détaille Nadège de Chambrier. D'où l'idée de séparer l'urine à la source.

Le produit final se présente sous une forme concentrée mise en bouteilles, dépouvu d'odeur et prêt à être dilué. «Je dois empêcher les plus convaincus à pisser directement sur nos deux terrains de tennis», rigole Matthias Rutishauser. Directeur de Vuna, Bastian Etter s'apprête déjà à honorer des demandes venues de France et d'Allemagne.

Vincent Donzé

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