CouacLe président Maurer «expresse» ses vœux
Le français plus que fédéral d'Ueli Maurer, sur sa nouvelle page Facebook, a surpris les internautes. Plongée dans les coulisses de cet exercice douloureux.
- par
- Vincent Donzé

Le président de la Confédération a ouvert un profil Facebook officiel le 1er janvier.
Le 1er janvier, le nouveau président de la Confédération a ouvert sa page officielle sur le réseau social Facebook. Mais ses deux premiers messages en français suscitent l'étonnement: Ueli Maurer «prend» l'occasion au lieu de la saisir et, surtout, il choisit d'«expresser» ses vœux au lieu de les exprimer!
Ces approximations, qui frisent la désinvolture, ont surpris les internautes habitués à la rigueur fédérale. Sur le profil officiel du conseiller fédéral, les réactions sont de trois types. Moqueur: «C'est important de s'expresser.» Conquis: «Sympa le français fédéral Ueli.» Outré: «Merci pour votre ouverture au monde.»
Ueli Maurer a-t-il troqué le français fédéral contre «le français international de Google», comme l'écrit un internaute? En réalité, Ueli Maurer ne poste pas lui-même ses messages: la logistique est assurée par son équipe de communication. Mais, pour le premier jour de l'an, rien n'avait été vraiment prévu pour les francophones sur la nouvelle page Facebook.
Mardi, pour sa première sortie officielle en tant que président, Ueli Maurer n'avait pas embarqué tout son staff à la 3e étape du Tour de ski. Dans la patrie de Dario Cologna, au Val Müstair, il n'était accompagné que par son chef de communication, Peter Minder. L'auteur des messages, celui qui «expresse» les bons vœux, c'est lui. «C'est mon français fédéral», admet-il. Le chef de la communication du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports plaide sa bonne foi: «Le projet démarrait fort, avec 350 «j'aime», et nous voulions absolument nous adresser aux Romands.»
Un fan d'Ueli Maurer venait d'ailleurs de l'interpeller, en réclamant des commentaires en français: «Il y a plein de Romands qui aimeraient faire votre connaissance.» Mais, au lendemain du réveillon, Peter Minder n'a pas demandé à un collègue francophone de superviser ses messages.
Dans l'urgence
En voulant bien faire, Peter Minder a confondu vitesse et précipitation. «Notre département communique habituellement dans un français correct, mais, dans le stress, on est peut-être allé trop vite…» admet Peter Minder.
Sa démarche voulait respecter la spontanéité propre aux réseaux sociaux. Lorsque le président a croisé un ramoneur, Peter Minder a pris une photo avec son iPhone pour la poster le plus vite possible, avec des vœux. Pourquoi avoir répété l'opération avec un autre texte? «Un message d'échec m'a fait croire que la première version n'avait pas passé», dit-il.
A la lecture des commentaires, Peter Minder a compris que le président d'un Etat ne peut pas charcuter une langue nationale sur un site officiel: «Nous retiendrons la leçon: ce qui prime, c'est le respect des langues nationales.» Retour au bon français. Et à la langue de bois?