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MaliLe président menace les rebelles du Nord de «guerre totale»

Le président malien de transition, Dioncounda Traoré, a menacé jeudi les rebelles touaregs et groupes islamistes armés qui ont pris le nord du pays d'une «guerre totale et implacable».

«Nous préférons la paix, mais si la guerre est la seule issue nous la ferons avec notre armée», a déclaré le président malien de transition, Dioncounda Traoré (au centre).

«Nous préférons la paix, mais si la guerre est la seule issue nous la ferons avec notre armée», a déclaré le président malien de transition, Dioncounda Traoré (au centre).

AFP

«Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver le régime républicain», de «respecter et faire respecter la Constitution» et «l'intégrité du territoire du Mali», a lancé l'ex-président de l'Assemblée nationale, en prêtant serment devant plusieurs centaines de personnes, dont le capitaine Amadou Sanogo, chef de la junte qui a renversé le président Amadou Toumani Touré.

Ces mots ont une résonance particulière alors que le Mali traverse sa plus grave crise depuis la prise du Nord il y a moins de deux semaines par des groupes armés - rebelles touareg et islamistes -, des trafiquants et divers groupes criminels.

Menaces

«J'ai conscience d'être président d'un pays en guerre», a déclaré Amadou Toumani Traoré dans son discours. Il a appelé «avec insistance» et «avec fermeté» les groupes armés à «rentrer dans les rangs», à «mettre fin à tous leurs abus» et à quitter «pacifiquement les cités qu'ils ont occupées».

S'ils refusent, «nous n'hésiterons pas à mener une guerre totale et implacable» et à «bouter hors de nos frontières tous ces envahisseurs porteurs de désolation et de misère, que sont Aqmi (Al- Qaïda au Maghreb islamique)» et ses «preneurs d'otages», ainsi que «tous ces trafiquants de drogue», a-t-il averti.

Mais «nous ne négocierons jamais la partition du Mali», a-t-il ajouté, promettant de tenir «des élections libres et transparentes sur la totalité du territoire national».

Amadou Toumani Traoré doit désormais nommer un premier ministre doté des «pleins pouvoirs» et former un gouvernement d'«union nationale»», auquel pourraient participer des membres de l'ancienne junte.

Intense activité diplomatique

Les «modalités» de la transition doivent être définies lors d'une réunion ce week-end à Ouagadougou entre le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur nommé par la Communauté des États d'Afrique de l'ouest (Cédéao), la classe politique et les ex- putschistes.

Parallèlement, des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de la Cédéao se sont réunis à Abidjan pour réfléchir à l'éventuel envoi d'une force militaire régionale dans le Nord du Mali. L'organisation doit «prendre toutes les dispositions utiles et urgentes pour restaurer l'intégrité territoriale» du Mali, a affirmé le chef de la diplomatie ivoirienne Daniel Kablan Duncan.

Situation humanitaire alarmante

La situation humanitaire est chaque jour plus alarmante dans le nord du pays. «A moins de progrès rapides (...) pour ouvrir un espace humanitaire et permettre des approvisionnements en nourriture et médicaments dans le nord du Mali, il y aura une catastrophe humanitaire majeure qui pourrait se répercuter sur les pays voisins», a averti la Commission européenne.

A Genève, la Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay s'est dite «vivement préoccupée par les rapports ininterrompus faisant état de graves violations de droits de l'homme» dans le Nord. Elle a parlé de «civils tués, dépouillés, violés et forcés de fuir» ainsi que de pillages, un exode de populations et des «tensions accrues entre groupes ethniques».

Elle ajoute que malgré des informations confuses, «une variété de groupes rebelles sont accusés de piller des biens publics et privés, y compris des hôpitaux et des dispensaires de soins.»

Doutes

Reste à savoir si Amadou Toumani Traoré saura faire face à la situation. De nombreux Maliens voient en lui une incarnation des élites qui ont été incapables de maintenir l'ordre dans le Nord.

«Lorsqu'il était président de l'Assemblée nationale, il n'a jamais eu le courage de dire au peuple la vérité sur ce qui se passait dans le Nord», dit Mariam Sacko, vendeuse de rue à Bamako.

Pour Aziz Ould Mohamed, qui habite aussi Bamako, sa proximité avec le gouvernement déchu est aussi un handicap. «Dioncounda est président par accident», dit-il.

(ats/afp)

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