Equateur: Le président Moreno évincé de son parti

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EquateurLe président Moreno évincé de son parti

Le parti Alliance Pais se déchire entre les partisans du président et ceux de son prédécesseur Rafael Correa, agravant la crise politique du pays.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Lenin Moreno (photo), le 24 mai, le parti AP est déchiré entre ses partisans et ceux de son prédécesseur Rafael Correa. (Photo d'archives)

Depuis l'arrivée au pouvoir de Lenin Moreno (photo), le 24 mai, le parti AP est déchiré entre ses partisans et ceux de son prédécesseur Rafael Correa. (Photo d'archives)

AFP

Le président équatorien, Lenin Moreno, a été évincé mardi de ses fonctions au sein de son parti Alliance Pais (AP), ce qui aggrave la crise politique dans le pays.

«Lenin Moreno (...) perd immédiatement ses fonctions de président» du parti, a annoncé un communiqué de la direction nationale d'Alliance Pais (AP - Patria Altiva i Soberana: Patrie altière et souveraine, l'acronyme jouant sur le mot «pays» en espagnol).

Le parti au pouvoir demande à l'ex-président équatorien Rafael Correa (2007-2017) d'accompagner son processus de «restructuration». Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Moreno, le 24 mai, le parti AP est déchiré entre ses partisans et ceux de M. Correa. AP accuse notamment l'actuel chef de l'Etat de gouverner en mettant en oeuvre le programme de l'opposition et de «porter atteinte» à «l'unité» du pays. L'AP, au pouvoir depuis 2007, a nommé l'ancien ministre des Affaires étrangères Ricardo Patiño, une des figures du parti, à la place de Lenin Moreno.

«Aujourd'hui, nous avons adopté une décision courageuse (...). Le président de la République est arrivé à la tête de l'Etat avec plus de 50% des votes, il n'est pas arrivé au pouvoir avec le programme de l'opposition mais il applique le programme de l'opposition», a affirmé M. Patiño.

Une éviction «arbitraire»?

Dans une brève déclaration, faite depuis le palais présidentiel, des ministres ont dénoncé cette éviction «arbitraire», estimant qu'elle ne reflète pas le «sentiment» de la base du parti. «Nous regrettons cette décision. Nous continuerons de travailler en tant que militants de notre organisation», a déclaré Miguel Carvajal, ministre de la Gestion politique.

Le différend entre MM. Moreno et Correa, qui se traduit régulièrement par des échanges de reproches et d'insultes sur les réseaux sociaux, s'est aggravé au fil des mois. M. Moreno a notamment critiqué la gestion de son prédécesseur, dont il a été le vice-président de 2007 à 2013.

L'annonce, début octobre, par M. Moreno, d'une consultation populaire pour supprimer une disposition qui autorise à se présenter à un nombre illimité d'élections, a marqué la rupture définitive entre les deux hommes. Cette disposition, introduite par M. Correa, avait pour objectif, selon certains, de permettre le retour au pouvoir de ce dernier en 2021.

Cette crise politique a également pour toile de fond les accusations de corruption qui ont conduit au placement en détention, début octobre, du vice-président Jorge Glas. M. Glas, allié de M. Correa, est soupçonné d'être impliqué dans une affaire de corruption liée au géant brésilien du bâtiment Odebrecht.

(AFP)

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