PalexpoLe principal moteur du Salon de l'Auto reste le rêve du visiteur
Partout, on ne parle que de voiture électrique, d'hybride, de consommation minimale ou de conduite autonome. Mais les faits sont là: les stands qui attirent le plus les gens ne sont pas «verts»…
- par
- Philippe Clément
L'être humain est un animal étrange. Depuis le temps qu'on lui parle de réchauffement climatique, de baisse des réserves de pétrole, de pics de pollution dans les mégapoles et de hausse du prix de l'essence, il a fini par comprendre. De façon plus ou moins inconsciente, il a intégré que la voiture d'«avant» est un dinosaure condamné à disparaître.
Ça, c'est pour le discours rationnel. Mais derrière ce vernis de maturité intellectuelle, se tapit, quelque part aux plus sombres tréfonds de son cerveau reptilien, ce môme qui rêvait en voyant passer l'une ou l'autre voiture de sport au milieu des citadines.
Se rendre dans les travées de Palexpo – durant une des journées réservées à la presse spécialisée ou parmi le flot des visiteurs, peu importe – permet de vérifier scientifiquement la chose: aucun stand n'attire plus les foules que celui qui expose une (ou plusieurs) supercar.
Les supercars attirent les visiteurs comme des aimants
Les supercars? Ces missiles sol-sol qui tiennent presque plus du jet de chasse que de l'automobile. Ces bijoux high-tech dont les spécificités techniques stratosphériques n'ont d'égal que les prix astronomiques auxquels ils se négocient – souvent avant même leur présentation officielle – auprès d'un petit panel de richissimes amateurs, collectionneurs pour la plupart. Des gens ultra-fortunés qui s'empressent d'acquérir un de ces objets exceptionnels, pour le mettre dans un garage dont il ne sortira que très rarement.
À quoi sert-il, dès lors, de fabriquer des engins capables de rouler à 400 km/h, de passer de zéro à 100 en moins de temps qu'il ne vous a fallu pour lire cette phrase et coûtant un saladier en platine (environ 200 000 euros pour la Lamborghini, 249 000 euros pour la McLaren, autour des 400 000 euros pour l'Italdesign, 742 000 euros pour la Rimac et jusqu'à… 2,4 millions d'euros pour la Bugatti!) et avec laquelle on ne va sans doute jamais rouler?
L'accumulation de savoir-faire pour des ingénieurs qui, ensuite, pourront distiller une partie de ces connaissances dans les «vraies» voitures, la résolution de problèmes techniques encore jamais rencontrés sur terre pour les aérodynamiciens, la recherche de nouveaux matériaux pour les fabricants de freins et de pneumatiques.
Et puis, évidemment, le potentiel de faire rêver une grande majorité de la plupart de ces 700 000 visiteurs qui, année après année, viennent au Salon plus pour admirer ces engins que la dernière low-cost à 90 g de CO2… qu'ils conduiront pour rentrer.