TurquieLe procès de Varone est une fois de plus reporté
A l'ouverture du procès ce matin à Antalya, les avocats de Christian Varone ont demandé qu'une nouvelle expertise de l'objet litigieux soit réalisée par l'Université d'Ankara. Le procès est reporté au 19 mars, soit après l'élection au Conseil d'Etat valaisan.
- par
- Burçin Gerçek ,
- Eric Felley

L'avocate de Christian Varone à la sortie de l'audience. Elle est désormais aidée par un deuxième avocat.
Le procès de Christian Varone a été une fois de plus reporté à l'issue de l'audience qui a eu lieu jeudi à Antalya. La nouvelle date définie pour l'audience est le 19 mars. Résultat très positif pour Yasemin Mataraci, l'avocate de Christian Varone, qui ne cachait pas son contentement d'avoir ainsi obtenu qu'un verdict ne soit pas prononcé avant les élections en Suisse. «La Cour a accepté notre contestation du dernier rapport d'expertise. Nous sommes très contents», a-t-elle affirmé devant de nombreux journalistes venus suivre le procès.
Le chef de la police valaisanne était représenté cette fois-ci par deux avocats turcs: en plus de son avocate habituelle Yasemin Mataraci, l'avocat Zafer Köken, ex-président du barreau d'Antalya, était venu renforcer la défense. Les deux avocats ont contesté le troisième rapport d'expertise effectué par l'Université d'Akdeniz. Dans ce dernier rapport, les experts précisaient que la pierre remportée par Varone était «un bien culturel appartenant à une période historique et ayant valeur de document archéologique». Pourtant, pour l'expert de l'Université de Karabük, choisi par la défense, il s'agissait simplement d'une pierre «cassée, incomplète, usée et noircie» ayant perdu sa qualité archéologique.
«Le dernier rapport présenté au tribunal ne suffit pas à expliquer les contradictions entre les différentes expertises», a affirmé Zafer Köken devant la Cour. Il a ainsi demandé qu'un nouveau rapport soit rédigé par l'Université d'Ankara. L'avocate Yasemin Mataraci a aussi affirmé que tous les biens culturels n'étaient pas protégés par la loi. «La dernière expertise affirme que la pierre en question est une œuvre d'étude. Or selon la jurisprudence, ces œuvres d'étude sont uniquement destinées a être étudiées par les étudiants et ne sont pas tenues à être classifiées ni à être protégées par la loi». Les avocats ont aussi demandé qu'un juriste fasse cette fois-ci partie du comité d'expertise. Ce qui a provoqué la réaction du procureur: «Nous pensons que les rapports présentés au tribunal sont suffisants de point de vue scientifique. Il ne faut pas non plus oublier que la pierre en question est un morceau d'une structure architecturale. Il n'est pas approprié de la considérer de manière isolée. Suffisamment de preuves ont été récoltées et il n'est plus nécessaire de demander de nouvelles expertises», a-t-il affirmé.
Mais le président de la Cour a donné gain de cause à la défense et déclaré le report d'audience au 7 mars. Apres maintes négociations avec les avocats de Varone qui ont présenté des excuses pour les différentes dates proposés par le président, l'audience a finalement été reportée au 19 mars. Christian Varone pourrait-il être acquitté le 19 mars, comme le demandent ses avocats qui insistent sur le fait que la pierre en question n'est pas protégée par la loi? Pour Filiz Sarkaya, l'avocate du Trésor public, une des parties civiles du procès, Christian Varone est encore loin d'imaginer de se débarrasser de cette affaire: l'institution qu'elle représente est décidée à la suivre jusqu'au bout et fera appel en cas d'acquittement.