France - Le procès du quadruple meurtre de la famille Troadec s’ouvre

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Mardi, Hubert C. sera entendu par un tribunal français dans le cadre de la mort d’un couple et de ses deux enfants.

C’est dans cette maison que la famille Troadec avait été tuée, en février 2017.

C’est dans cette maison que la famille Troadec avait été tuée, en février 2017.

AFP

Quatre ans et demi après le quadruple meurtre de la famille Troadec à coups de pied de biche, Hubert C. comparaît depuis mardi devant la cour d’assises de Loire-Atlantique, où ses avocats auront fort à faire pour lui éviter la réclusion à perpétuité.

Après le tirage au sort des jurés, la première journée d’audience de ce procès de trois semaines doit être consacrée à la personnalité de la compagne de Hubert C., Lydie T., 52 ans, une brune à la coupe au carré et au haut blanc, qui comparaît libre et encourt trois ans de prison et 45’000 euros d’amende pour modification de scène de crimes et recel de cadavre.

Trésor familial volé?

«Il y a beaucoup d’appréhension pour ce procès qui est une épreuve» pour les parties civiles, «puisque ça fait quatre ans qu’elles attendent», a déclaré avant l’ouverture du procès Me Olivier Pacheu, avocat des familles des victimes. Ces dernières «ne croient pas à tout ce que dit» Hubert C., a-t-il ajouté. «Nous verrons ce que démontrent les débats.»

Ce n’est que mercredi que la cour se penchera sur le profil du principal accusé, ancien ouvrier chaudronnier de l’arsenal de Brest, obsédé au moment des faits par son beau-frère Pascal Troadec, qu’il accusait d’avoir volé un trésor familial de lingots d’or.

Un homme à la personnalité «mystérieuse», selon Me Cécile de Oliveira, avocate des parties civiles. Un «monsieur tout le monde qui n’avait pas vocation à devenir (…) un meurtrier», rectifie son avocat Me Thierry Fillion.

Auditions des enquêteurs

La fin de la première semaine sera consacrée aux auditions des enquêteurs et des parties civiles. La cour entendra notamment Martine V., la première à contacter la gendarmerie le 23 février 2017, après plusieurs jours sans nouvelles de sa sœur et de son beau-frère, Brigitte et Pascal Troadec, 49 ans tous les deux. Leurs enfants Charlotte (18 ans) et Sébastien (20 ans) étaient, eux aussi, injoignables.

Au domicile familial, un pavillon d’Orvault, dans la banlieue nantaise, la police avait découvert des traces de sang et plusieurs membres de la famille avaient immédiatement orienté les enquêteurs vers Hubert C. et sa compagne.

«Délire chronique»

Hubert C., 50 ans, ne doit être entendu sur les faits qu’au début de la deuxième semaine d’audience. Aux policiers, l’accusé avait raconté s’être rendu chez les Troadec dans la nuit du 16 au 17 février pour chercher «des informations» sur le différend qui les oppose. Se disant assailli par la famille dès son entrée dans le garage, il avait affirmé les avoir tués l’un après l’autre, à coups de pied de biche, pour se défendre.

Il avait aussi raconté avec force détails avoir travaillé «comme un forcené» pendant deux jours et demi, dans un hangar de sa ferme dans le Finistère, pour dépecer minutieusement les corps au couteau de cuisine. Les muscles et les viscères avaient été jetés dans les ronciers, dans l’espoir qu’ils soient mangés par des animaux sauvages. Les os, la peau et le gras étaient incinérés dans la chaudière et les crânes brûlés, puis enfouis sur une plage pour que la marée les emporte.

«Hubert C. a toujours accepté de répondre aux questions des enquêteurs (…) Il y a répondu de manière extrêmement précise, extrêmement détaillée, quelques fois en donnant des éléments qui n’étaient pas en sa faveur», admet Me Fillion.

«Une fable»

Après cette séquence éprouvante, la défense espère trouver quelque secours dans le témoignage des experts psychiatres, entendus en fin de deuxième semaine. Deux collèges d’experts ont en effet décrit le «délire chronique» de «type paranoïaque» et à «thématique persécutive» dont souffrait l’accusé au moment des faits.

Le trésor de lingots d’or prétendument volé par Pascal Troadec, et censé être le mobile des crimes, n’a ainsi sans doute jamais existé, selon les juges d’instruction. «Une fable», «un argument qu’il a essayé d’utiliser au maximum», selon Me de Oliveira. «À l’époque des faits, il n’est plus dans la réalité», objecte Me Fillion.

Si la cour estimait que son discernement était altéré au moment des crimes, Hubert C., qui est écroué depuis mars 2017, pourrait échapper à la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu le 8 ou le 9 juillet.

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