JusticeLe procès express d'Erwin Sperisen
A Genève, le procureur Yves Bertossa réclame la prison à vie pour l'ancien chef de la police nationale guatémaltèque.
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- VDY/ATS

La grande salle d'audience du Palais de justice de Genève était réservée pour quinze jours. Il n'en faudra pas autant pour juger Erwin Sperisen, l'ancien chef de la police nationale civile du Guatemala, 44 ans, déjà condamné en première instance à la prison à vie pour sept assassinats. Après que la Chambre d'appel et de révision de la Cour de justice de Genève ait balayé, lundi, toutes les demandes de la défense, l'interrogatoire du "Viking" a été expédié. Il faut dire que le quadragénaire bi national suisse-guatémaltèque a refusé de réponde aux questions du procureur Yves Bertossa tant que ce dernier ne lui disait pas si, oui ou non, il avait des liens avec Trial, l'association qui l'a dénoncé à la justice genevoise. "Tant que vous ne répondrez pas à mes questions, je ne répondrai pas aux vôtres", a déclaré Erwin Sperisen. Le procureur a indiqué ne pas devoir répondre et l'échange s'est arrêté là!
"Des crimes d'Etat"
A ce rythme, sans l'audition d'aucun témoin, le procès en appel d'Erwin Sperisen avance rapidement. Au deuxième jour, on en est déjà au réquisitoire du procureur Bertossa. "Vous avez à juger des exécutions extrajudiciaires. Dans le langage courant, ce sont des crimes d'Etat, commis par les plus hautes autorités du pays. Les crimes d'Etat sont les plus graves dans la société", assène Yves Bertossa.
Le représentant du Ministère public revient en détails sur ce qui s'est passé au pénitencier de Pavon, le 25 septembre 2006. Pour lui, il est évident que Sperisen a participé au commando de la mort qui a exécuté sept prisonniers, au préalable sélectionnés et séparés des autres. Rien à voir avec des dommages collatéraux ou un un affrontement avec les forces armées. Yves Bertossa fait remarquer au demeurant qu'aucun policier n'a été blessé dans l'opération. Il est certain, pour le procureur, que les scènes de crime ont été "maquillées, des grenades ayant été placées dans les mains de détenus criblés de balles et abattus comme des chiens."
Yves Bertossa a réclamé la prison à vie pour Erwin Sperisen comme lors du premier procès devant le tribunal criminel de Genève, au mois de juin 2014. Cet après-midi, ce sont les avocats de la défense qui prendront la parole.