Euro 2016Le roi devenu légende entre en scène
Lundi, à 18h, à 12,1 km à vol d'oiseau du Parc des Princes, ce royaume sur lequel il a régné durant 4 ans, Zlatan Ibrahimovic conduira la Suède pour son dernier grand tournoi.
Venu à Paris comme un roi et quittant la Ville lumière comme une légende, selon sa propre lecture de l'histoire, le colosse de Malmö entend croquer l'Irlande.
Ibrahimovic ne fera pas ses débuts à l'Euro 2016 dans le 16e arrondissement de Paris, là où se trouve le stade du PSG, mais à la sortie nord de la ville, à Saint-Denis, dans un Stade de France plus grand, plus imposant et, ainsi, plus adapté à ce qu'il espère être une tournée triomphale. Quatorze fois champion national d'Italie, d'Espagne, de France ou des Pays-Bas, le Suédois, trop esseulé dans sa sélection, n'a jamais vraiment pu s'illustrer avec son équipe nationale.
Il n'a disputé qu'un quart de finale avec les Blagult (Euro 2004). Le reste de sa fiche comporte deux huitièmes de finale en Coupe du monde (2002 et 2006) et deux éliminations en phase de poules (Euros 2008 et 2012). Le manque de qualité de la Suède n'explique cependant pas à elle seule ce bilan de loin pas à la hauteur des ambitions de la star. A l'instar de son incapacité à briller en Ligue des champions avec ses clubs, Ibrahimovic n'a jamais vraiment répondu présent en phase finale.
Bien sûr, on retient sa spectaculaire talonnade aérienne contre l'Italie en 2004 et ce but qui a contribué à éliminer la Squadra et à qualifier les Kronors pour le tour suivant. La deuxième de ses six réalisations en trois participations à l'Euro. Le chiffre est important car, si le bon sens interdit de prédire aux Suédois un sacre le 10 juillet, il permet d'envisager que le colosse peut rejoindre voire même battre le record du nombre de buts dans la compétition, toujours détenu depuis 1984 par Michel Platini (9). Décevante en Ligue des champions et barrée par les Messi, Ronaldo, Iniesta et autre Xavi dans la course au Ballon d'Or, la diva se consolerait bien avec ce titre honorifique.
De Rosengard dans les étoiles
Ce fils d'une mère croate et d'un père bosnien n'a d'ailleurs jamais eu que cela en tête: marquer. «La seule chose qu'il voulait, c'était marquer. Alors parfois, il écoutait les entraîneurs, mais parfois il n'en faisait qu'à sa tête», se souvenait récemment Ivan Milosevic, l'actuel président et entraîneur d'un Fotbollsklubb Balkan se présentant comme le plus vieux club communautaire d'Europe, fondé en 1962 par des immigrés yougoslaves à Rosengard, un quartier populaire de Malmö. Là où le jeune Ibrahimovic a découvert le football et où il a fait construire - avec son équipementier - un terrain à son nom (le Zlatan Court) utilisé par les enfants dès la sortie de l'école.
C'est surtout là où Ibrahimovic a appris le football, au prix de gros efforts. «C'était un môme turbulent, pas vraiment bon, racontait son ancien entraîneur Hasib Klicic. Du matin jusqu'au soir, il s'entraînait balle au pied, dribblait, feintait, jouait, jouait, jouait. Il aimait le ballon plus que tout. Je crois même qu'il dormait avec. Il ne le lâchait jamais.» Plus besogneux que talentueux, donc. Entraîneur de la réserve de Malmö à l'époque des débuts professionnels de l'attaquant, Ola Gällstad confirme: «Il était bon, mais on n'en était pas à se dire: 'Wahoo, qu'est-ce que c'est que ce phénomène!' Ça a commencé lentement, mais le résultat est brillant.»
Extrêmement brillant, même. Auteur de 62 buts en 113 sélections, au sortir d'une saison statistiquement pleine (50 réalisations en 51 matches au total, triplé Championnat-Coupe de France-Coupe de la Ligue) entachée cependant d'un nouvel échec en quart de finale de la C1, Zlatan Ibrahimovic veut faire parler la poudre en France, avant de dévoiler le nom de son futur club. Depuis août 2012, personne en Europe, dans les matches officiels, n'a marqué plus que lui (19, à égalité avec le Bosnien Edin Dzeko).
Peut-être la der
A 34 ans et face à l'incertitude d'une qualification de la Suède pour le Mondial 2018, la star sait qu'il s'agit peut-être de sa dernière opportunité en équipe nationale, même s'il affirme que «tant que je serai performant, je jouerai pour la Suède». En tout cas, ses prochains adversaires du groupe E s'en méfient.
Grand fan, le sélectionneur de la Belgique Marc Wilmots avait même voté pour lui lors de l'attribution du Ballon d'Or 2013. Antonio Conte, son homologue italien, résume simplement la situation face aux journalistes suédois: «Vous avez Ibrahimovic qui peut toujours vous sauver.»