VaudLe service des autos renonce à vendre ses infos
L'office cantonal de la circulation ne pourra plus vendre les données personnelles d'automobilistes à une société de marketing privée. Une pratique mise en lumière par «Le Matin» le mois dernier, à laquelle le Conseil d'Etat vaudois a décidé de mettre fin.
- par
- Benjamin Pillard

Il n'aura fallu que trois semaines pour mettre un terme à un business étatique datant de 1940. Le 9 octobre, «Le Matin» révélait que le service vaudois des automobiles (SAN) vend régulièrement les données des automobilistes du canton au groupe BVA, une holding spécialisée dans le marketing direct. A raison de 20 centimes la fiche, le SAN permettait à cette société privée d'obtenir toutes les informations liées aux détenteurs de véhicules immatriculés dans le canton: marque, type ou encore cylindrée de la voiture. Couplées aux coordonnées des 713 000 Vaudois (nom, prénom, adresse, année de naissance, état civil, nationalité, origine et profession de toutes les personnes vivant dans le ménage) - que le BVA achète systématiquement auprès des communes depuis sa création en 1932 -, ces précieuses informations ont permis aux garagistes et constructeurs automobiles d'envoyer aisément de la publicité ciblée aux conducteurs du canton.
Après avoir été interpellé par des députés de tous bords, le gouvernement vaudois a décidé ce matin de renoncer à cette «prestation», bien que légale. Dans sa réponse, le Conseil d'Etat insiste sur le fait que «le SAN ne tire aucun profit de cette activité», les montants encaissés (plus de 52 000 fr. en 2011) ne couvrant que le «coût réel» du service. Le gouvernement précise enfin qu'en l'espace de trois semaines, le SAN a reçu pas moins de 330 formulaires d'automobilistes furieux demandant que leurs données ne soient pas transmises à des tiers.
Le 12 octobre, deux jours seulement après la parution de notre enquête, c'est l'Office des véhicules jurassien (OVJ) qui renonçait à une prestation similaire. Un service qui consistait à étiqueter des courriers de publicité ciblée pour le compte de constructeurs automobiles ou garagistes privés, facturé quelques centaines de francs. Dans les deux cas, l'utilisation de données privées à des fin marketing s'effectuait à l'insu des automobilistes.