Le soldat, le policier et le réfugié, ou le syndrome NIMBY
La petite ville vaudoise de Moudon risque de perdre sa caserne pour cause de redimensionnement de notre armée.
- par
- Anne-Catherine Menetrey
Cette nouvelle a toutes les apparences d'un drame, doublé d'un cataclysme: la rumeur court en effet que des requérants d'asile pourraient remplacer les militaires. Indignation tous azimuts, jusqu'aux plus hauts échelons du pouvoir cantonal! Les Moudonnois se succèdent devant les cameras pour dire tout le mal qu'ils pensent de cette malencontreuse reconversion. Du coup, les soldats sont parés de toutes les vertus, dont la moindre n'est pas leur goût prononcé pour les soirées arrosées au bistrot.
A entendre les tenanciers d'établissements publics, leur bravoure à défendre notre patrie est très secondaire par rapport à leur assiduité à fréquenter leur commerce. Dans l'effervescence, on cherche d'autres alternatives plus convenables. Proches de militaires, probablement plus disciplinés, mais tout aussi bons consommateurs, les gendarmes de l'école romande de police feraient nettement mieux l'affaire. On découvre donc avec amusement que le refus de l'étranger conduit à choisir le soldat ou le flic...
Soyons clairs: je peux parfaitement comprendre les soucis des Moudonnois. Une armée qui se retire, c'est comme une entreprise qui licencie, comme une région qui se vide de sa substance. Du moins en temps de paix! Je peux aussi bien comprendre que l'installation de cinq cents requérants d'asile dans une bourgade de mille âmes, qui co,pte déjà 45% d'étrangers puisse paraître déraisonnable. Je ne critique pas ces réactions. J'essaie juste de les remettre dans un contexte plus large.