Philippines: Le sortant appelle à défendre la liberté

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PhilippinesLe sortant appelle à défendre la liberté

Alors qu'il s'apprête à céder le pouvoir à un avocat controversé, le président Benigno Aquino a appelé à la prudence.

Benigno Aquino va céder sa place à Rodrigo Duterte.

Benigno Aquino va céder sa place à Rodrigo Duterte.

Keystone

Le président philippin sortant Benigno Aquino a appelé les Philippins dimanche à résister contre toute tentative de leur ôter leurs libertés, au moment où il va céder le pouvoir à un homme qui a promis de tuer des dizaines de milliers de criminels. Rodrigo Duterte a remporté la présidentielle de mai par un raz de marée après une campagne outrancière dans laquelle il a promis d'éradiquer la criminalité.

Depuis sa victoire, il a promis des récompenses non négligeables aux policiers et aux civils qui tueraient des trafiquants de drogue. Benigno Aquino, qui s'exprimait à l'occasion du 118ème anniversaire de la déclaration d'indépendance de l'archipel face au règne colonial espagnol, a déclaré qu'il fallait éviter une répétition de la dictature Marcos.

«Souvenons-nous qu'il y a tout juste une génération, le gouvernement philippin était celui qui supprimait les libertés de nos concitoyens», a déclaré Benigno Aquino devant des diplomates étrangers.

«Un Philippin comme nous nous a privés de liberté. Cela signifie que si nous ne faisons pas preuve de vigilance, cela peut se reproduire».

Dictateur en puissance

Durant la campagne électorale, Benigno Aquino avait mis en garde contre Rodrigo Duterte, jugeant que c'était un dictateur en puissance. L'avocat controversé a déclaré qu'il en terminerait avec la criminalité en l'espace de six mois, en donnant l'ordre aux forces de sécurité d'abattre des dizaines de milliers de criminels présumés. Il a ajouté qu'il se gracierait ensuite pour les meurtres de masse ainsi commis.

Rodrigo Duterte, qui prend ses fonctions le 30 juin, est accusé par les défenseurs des droits de l'homme d'avoir orchestré des escadrons de la mort à Davao (sud), la ville dont il est maire. Ces commandos sont soupçonnés d'avoir tué plus de 1000 personnes.

A certains moments il s'est vanté de ces meurtres, à d'autres il a démenti tout lien avec les escadrons de la mort. Rodrigo Duterte a également prévenu qu'il fermerait le Congrès s'il n'était pas aux ordres et qu'il mettrait en place un gouvernement «révolutionnaire».

«Maintenant que nous allons tourner une nouvelle page de notre histoire, n'oublions pas que les libertés doivent être défendues et nourries. Nous devons nous battre pour toutes les choses qui comptent», a ajouté Benigno Aquino. «Pour que le mal triomphe, il suffit que les hommes de bien ne fassent rien», a ajouté le président philippin, reprenant à son compte une déclaration attribuée à l'homme politique britannique Edmund Burke.

(AFP)

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