ElectionsLe suspense reste complet au Maroc
Les islamistes à la tête du gouvernement d'union tentent de conserver leur majorité vendredi. La participation a été limitée.

Des militants du PAM, Parti authenticité et modernité, font campagne dans les rues de Rabat. (Mercredi 5 octobre 2016)
Les Marocains ont voté vendredi pour élire leurs députés dans un scrutin serré et au résultat imprédictible. Les islamistes à la tête du gouvernement de coalition depuis cinq ans tentent de conserver la majorité face à leurs rivaux «modernistes».
Alors que le taux de participation, traditionnellement faible, est l'un des enjeux de ce scrutin, la fréquentation des bureaux de vote est restée limitée dans l'après-midi, après la prière et la fermeture des administrations pour le week-end, dans le centre de Rabat. A 18h00, ce taux variait de 25% à 38% selon les régions, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
Incidents
Tout au long de la journée, l'Intérieur a publié des communiqués faisant état d'incidents mineurs (une urne brisée, une charrette de foin bloquant l'accès à un bureau, etc), d'accusations de tricherie soulevées de part et d'autre dans des bureaux isolés. Ces accusations ont pour la plupart été démenties par le ministère.
La presse locale a rapporté qu'un candidat du Parti islamiste justice et développement (PJD) avait été agressé et blessé à la sortie d'un bureau à Rabat. Toujours selon la presse, le PJD a déposé une plainte après une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrant un homme, filmé à son insu, introduisant des bulletins dans une urne à Kenitra, dans la région de Rabat.
Conservatisme versus progressisme
Près de 16 millions d'électeurs ont été appelés à voter pour élire leurs 395 députés, dans 92 circonscriptions et selon un système de liste à la proportionnelle. En 2007 et 2011, l'abstention avait été très élevée (63% et 55%).
Ces législatives s'annoncent comme un face-à-face serré entre le Parti authenticité et modernité (PAM), formation libérale dirigée par Ilyas el-Omari, et les islamistes du PJD. Le PJD avait remporté une victoire historique en novembre 2011, quelques mois après une révision constitutionnelle menée par le roi pour calmer le «mouvement du 20 février», né dans le sillage du Printemps arabe.
Le PJD reste aujourd'hui la seule formation islamiste encore à la tête d'un gouvernement dans un pays de la région. Le parti islamiste entend décrocher un deuxième mandat pour «continuer la réforme», avec toujours en arrière-plan le «référentiel» islamique, face au PAM qui se pose en «moderniste» et défenseur de la condition féminine.
Alliance exclue
Les semaines précédents le scrutin ont été marquées par un climat de défiance, avec scandale sexuel, accusations de coup bas et d'intox de part et d'autre. Tout en se gardant bien de prendre de front le palais royal, le PJD a accusé de façon récurrente l'Intérieur, puissant ministère régalien avec un technocrate à sa tête, de partialité et d'agissements en sous-main pour favoriser la victoire du PAM.
Sur la trentaine de partis en lice, huit ont une audience véritablement nationale et peuvent espérer obtenir un groupe parlementaire, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD) et le parti Istiqlal, parti historique de la lutte pour l'indépendance.
PAM et PJD ont d'ores et déjà exclu toute alliance commune dans un futur gouvernement, alors que beaucoup d'observateurs pointent les possibles difficultés pour former la future majorité. Selon la Constitution, le roi nomme le premier ministre au sein du parti arrivé en tête des élections.