Référendum en GrèceLe suspense reste entier à l'heure de la fermeture des bureaux de vote
Tout au long de la journée, c'est rarement avec le coeur léger que les Grecs ont voté «nai» (oui) ou «oxi» (non) à la proposition des créanciers du pays. L'Europe attend le résultat du scrutin avec fébrilité.
Le premier ministre grec Alexis Tsipras en revanche est arrivé détendu et souriant le matin à son bureau de vote à Athènes, convaincu que ce référendum exceptionnel «est un jour de fête et de joie». Sur son passage, de nombreuses personnes criaient «oxi», en signe d'encouragement.
M. Tsipras a tenté de faire passer aux électeurs son propre «optimisme». Il s'est dit «confiant que demain, nous ouvrirons un chemin pour tous les peuples d'Europe, une voie de retour aux valeurs fondatrices de la démocratie et de la solidarité en Europe, en envoyant un message fort de volonté non seulement de rester en Europe, mais de vivre avec dignité en Europe», a-t-il déclaré.
Une première depuis 40 ans
Près de dix millions d'électeurs ont été appelés aux urnes. Les bureaux de vote fermaient à 19h00 (18h00 suisses). Les premières projections officielles devraient être disponibles dès 21h00 (20h00 suisses). Les quatre derniers sondages publiés ne promettent un triomphe à personne. Trois donnent l'avantage au oui, un au non, mais avec d'infimes avances.
A deux heures de la fermeture des bureaux de vote, plusieurs médias grecs indiquaient que la participation devrait atteindre les 40% nécessaires pour que le résultat du référendum soit validé. Des analystes estimaient que le vote des jeunes pourrait faire pencher la balance, du côté du non en l'occurrence.
Ce référendum, le premier depuis 40 ans, porte sur les dernières propositions faites à Athènes par les créanciers (Banque centrale européenne, UE et Fonds monétaire international). Il était demandé aux Grecs de dire s'ils acceptent le plan d'accord soumis par la Commission européenne, la BCE et le FMI lors de l'Eurogroupe du 25 juin dernier.
Avenir de l'euro et de l'UE en jeu
L'Europe et ses dirigeants étaient évidemment aussi suspendus aux résultats du vote que les citoyens grecs. «Le vote décisif des Grecs» (Frankfurter Allgemeine SonntagsZeitung), «L'Europe dans l'angoisse» (Corriere della Sera), «La Grèce décide de l'avenir de l'euro et de l'UE» (El Pais): l'attention de toute la presse continentale était également rivée sur le référendum.
Ce vote qui doit soutenir ou sanctionner le refus du gouvernement grec de se soumettre aux exigences des créanciers du pays «va déterminer la future trajectoire de l'intégration européenne», analyse Pawel Tokarski, analyste de la Fondation Sciences et Politique (SWP) à Berlin.
Et même si ses conséquences économiques pouvaient être gérées, un «Grexit» (sortie de la zone euro) enverrait «un signal désastreux» aux partenaires de l'UE, a prévenu dimanche le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Le premier ministre espagnol Mariano Rajoy a de son côté formulé son «espoir» que la Grèce demeure dans la zone.
Le chef de gouvernement italien Matteo Renzi a, lui, prédit que, quelle que soit l'issue du vote grec, dès lundi «on devra se remettre à parler». «Nous ne laisserons pas tomber les Grecs», a aussi assuré le président du parlement européen Martin Schulz.